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Old Joy-Mad(e) in USA

Kelly Reichardt, 2006, US, video, vo st fr, 76

"Old Joy", couronné d’un Tiger Award au festival de Rotterdam, a été décrit comme l’un des films les plus intéressants et étonnants à sortir d’Indiewood depuis des années. Cela montre que des surprises peuvent encore arriver alors qu’une bonne partie de la production "indépendante" s’enlise dans les automatismes liés au succès mainstream. Preuve de l’un comme de l’autre : le festival de Sundance, kermesse du film indépendant, a dû placer le film dans sa section "expérimentale". Pourtant "Old Joy" est un film si simple et en apparence si classique qu’on ne s’attendrait pas à le voir bouleverser les catégories de genres. La simplicité est d’ailleurs pour beaucoup dans sa réussite. C’est la subtilité du rythme, des ambiances (le cadre naturel et la musique de Yo La Tengo) et du jeu d’acteurs qui le rendent si touchant. Le film est un road movie minimaliste et mélancolique. Deux amis qui s’étaient un peu perdu de vue partent camper en forêt et se retrouvent, avec un peu de mal. L’un pour l’autre, ils représentent le parcours de vie qu’ils n’ont pas choisi. Mark (Daniel London) est marié, va devenir papa et s’est un peu résigné à une vie tranquille alors que Kurt (le singer/songwriter Will Oldham) a une vie d’aventures, de vagabondage et d’insécurité. Un très beau film sur la communication et le malaise, la nostalgie et l’amitié masculine.

+

+ American Nutria

Matt McCormick, 2003, US, video, vo, 10

Matt McCormick (The Subconscious Art of Graffiti Removal) est une personnalité centrale de la scène underground contemporaine (ouvrez les yeux et vous l’apercevrez peut-être dans Old Joy...). Il fait des films drôles, originaux et assez révélateurs de l’état de la société américaine, mais il est aussi à la base de deux institutions clés : le label Peripheral Produce et le Portland Documentary and eXperimental (PDX) film festival, plateformes de diffusion et de rencontres. American Nutria, narré par Calvin Johnson et sonorisé par The Postal Service, parle des désastres du capitalisme à travers l’histoire des "nutrias", sorte de loutres introduites en Amérique du Nord il y a soixante ans, qui semblent sur le point de dévorer le continent entier...

http://www.peripheralproduce.com

13.09 > 20:00 + 15.09 > 22:00 + 23.09 > 22:00 + 30.09 > 18:00


Une petite suite à la programmation de janvier 2003 qui s’attaquait aux côtés obscurs du rêve américain et aux malaises et dysfonctionnements de la société américaine moderne.



Todd Haynes, 1995, US, 35mm, vo st nl, 119

Carol White est une femme au foyer vivant dans une banlieue aisée de Californie. Sa petite vie, d’une banalité idyllique, faite de séances d’aérobic, de décoration d’intérieur et de relations sexuelles convenues, semble lui suffire. Jusqu’au jour où une étrange maladie la frappe : elle est subitement devenue allergique aux produits chimiques les plus innnocents, de la poudre à lessiver aux produits de beauté. Son univers s’écroule, son entourage devient un ennemi, et sa vie quotidienne, une terreur. Obsédée par cette maladie, elle fuit la ville pour une communauté alternative au Nouveau-Mexique, où les thérapies "new age" vont l’éloigner de plus en plus de la réalité.
Todd Haynes, réalisateur de "Far From Heaven" et "Velvet Goldmine" (et producteur d’"Old Joy"), traite dans "Safe" de l’obsession pour l’écologie, la propreté et le contrôle, comme expression de l’incapacité actuelle de considérer que l’impureté, le chaos et le danger font partie intégrante de la vie. Carol White devient littéralement malade du XXe siècle, tellement surchargée par le monde moderne qu’elle s’écroule physiquement. La mise en scène hyperréaliste et la performance exceptionnelle de Julianne Moore ("Short Cuts", "The Hours") font de la vision de "Safe" une expérience étrange mais inoubliable.

16.09 > 20:00 + 22.09 > 22:00 + 30.09 > 20:00


James Marsh, 1999, US-GB, 35mm, vo, 76

Ce film est basé sur le livre du même nom dans lequel l’historien Michael Lesy met en parallèle une série de photos du Midwest des années 1890 et des coupures de presse d’un journal local. Les images montrent ce que les colonisateurs du Far West faisaient déjà devant l’objectif : poser avec un trophée de chasse, veiller un mort, danser complètement saoul... Les textes parlent de décès bizarres et de psychoses qui ne le sont pas moins. Dans le film, James Marsh donne vie aux photographies à l’aide de quelques acteurs locaux qui jouent et recréent quelques uns de ces évènements insolites : suicide, enfant abandonné, incendie criminel, adultère, faillite, épidémies, hystérie collective, sorcellerie... Il en ressort une ambiance tragique et parfois surréaliste.
Les scènes de la vie rurale du XIXe, tournées en noir et blanc et magnifiquement filmées, alternent avec des images modernes du même trou perdu de Black River Falls. Ainsi, le film n’est pas seulement une démystification d’un des mythes fondateurs des USA, celui des pionniers, des "founding fathers", mais aussi une analyse du malaise au coeur de la société américaine contemporaine. La violence actuelle est évoquée à travers la brutalité du passé.

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+ Roswell

Bill Brown, 1994, US, 16mm, vo, 19

Un amnésique sur les pas d’un autre, l’extraterrestre qui s’est écrasé à Roswell en 1947 après avoir, sans doute, oublié où il allait. Bill Brown cherche des réponses dans les mystères des autres. Qui était-il ?, ou plutôt, Que venait-il bien faire par ici ? Qu’est ce qui pouvait bien l’attirer dans ces paysages si peu familiers, à part quelques légendes du passé ?

16.09 > 22:00 + 23.09 > 20:00 + 27.09 > 22:00


Lodge Kerrigan, 1993, US, 35mn, vo st fr, 79

Le premier long métrage de Lodge Kerrigan est un petit chef-d’oeuvre minimaliste qui nous entraîne dans les affres de la psyché d’un schyzophrène fraîchement sorti de l’asile et à la recherche de sa fille. Comme dans ses films suivants, "Claire Dolan" et "Keane", le réalisateur brosse un portrait sans compromis d’un personnage solitaire, marginal et (mentalement) déviant. Ici aussi, il filme de manière sobre mais pas distante. Au contraire, Kerrigan est sur ses personnages, la caméra plongée dans les visages, et contraint le spectateur à l’empathie. Il utilise de manière brillante le son et l’image pour immerger le spectateur dans une subjectivité mentale terrifiante. Il traduit les manifestations de la schizophrénie, telles les hallucinations auditives, l’hypersensibilité ou les impulsions incontrôlées, dans un langage visuel clair et effrayant, où il utilise effets sonores subjectifs, abstractions visuelles, discontinuité narrative et techniques d’avant-garde expérimentale. Le résultat est décapant. L’alchimie du détail clinique et de la poésie crue place très politiquement Kerrigan dans ces zones grises et industrielles de l’Amérique du salaire minimum, où il s’intéresse plus à l’instabilité mentale dans un monde moderne brutal et sans pitié qu’à la folie même.

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+ Urine Man

Greta Snider, 2000, US, video, vo, 6

Greta Snider interviewe le messie qui vit à côté de chez elle, qui lui expose avec véhémence sa conception cosmologique de l’existence. Une leçon... intéressante.

30.09 > 22:00 + 07.10 > 22:00 + 12.10 > 20:00


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