Shûji Terayama (1935-1983) est une référence culte pour certains, mais reste relativement méconnu, même parmi les cinéphiles avertis, sans doute à cause de la rareté de la diffusion de son oeuvre (pas la peine de vous précisez qu’il ne faut pas manquer cette occasion). Artiste complet, il est surtout connu en occident pour les films qu’il a écrits et réalisés, alors qu’au Japon, il l’est pour ses poèmes et son travail dramaturgique avec la troupe Tenjô Sajiki.
Quand il s’installe à Tôkyô en 1959, il a déjà une bonne collection de poèmes à son actif. Il se lance dans l’écriture de romans et de pièces, notamment radiophoniques (dont une - sous forme de flash info à la "Guerre des mondes" - fait croire à une révolution des enfants, qu’il remettra en scène dans "Empereur Tomato Ketchup"). Il baigne dans le microcosme artistique et écrit des scénarios pour des amis réalisateurs, puis s’essaie lui-même à l’expérimentation cinématographique.
Au milieu des années 1960, il fonde le Tenjô Sajiki avec sa femme Eiko Kujo. Cette troupe de théâtre d’avant-garde, iconoclaste, plus proche de la troupe de cirque que de théâtre classique, a également une grande place dans ses films. Les comédiens y apparaissent, incarnant souvent les rôles les plus décalés, le compositeur J.A. Seazer écrira presque tous les thèmes musicaux de sa filmographie...
L’oeuvre de Terayama est très cohérente, imprégnée d’amour, de tristesse et de mort. Il explore souvent les mêmes thèmes, marqué par son enfance (disparition de son père officier, séparation de sa mère, confrontation au monde des adultes, refus de l’autorité...) et utilise des symboles et des références à la culture et aux arts traditionnels, souvent dans un esprit provocateur. Ses films ouvrent des portes sur l’imaginaire très particuliers d’un monstre sacré, que nous vous invitons à (re)découvrir, notamment en présence d’un de ses fidèles compères, Henrikku Morisaki, le dimanche 12, pour une présentation très spéciale... (Transcription de la rencontre disponible ici ou encore ici (traduction anglaise)).
En collaboration avec le Lausanne Underground Film & Music Festival (http://luff.ch).