Peu appréciés par les puissants, les sites internet de partage de fichiers permettent de véhiculer des films et autres médias librement. Parmi ceux-ci se trouvent parfois des perles rares, aux copies introuvables, ou ne pouvant être diffusées faute de pouvoir payer les droits sur des archives pourtant de patrimoine collectif. C’est le cas de cette série de 14 documentaires sur l’histoire des droits civiques aux USA, "Eyes on the Prize"(1987-1990) par le méconnu Henry Hampton, longtemps "inédite" aux USA et toujours en Europe. Ou encore, des oeuvres "invisibles" suite à des imbroglios juridiques, comme le regrette Pierre Etaix actuellement (www.lesfilmsdetaix.fr). Certains films, souvent diffusés sous Creative Commons, se laissent découvrir librement sur internet. Ainsi "Can I Get an Amen" (2004) de Nate Harrison, raconte avec brio l’histoire peu connue d’un sample de quelques secondes, "Amen break", base de la Drum & Bass et autres musiques actuelles, se doublant d’une réflexion passionnante sur la notion illusoire de propriété...
C’est un peu tout cela, avec des choses plus légères, que propose Pirate Cinema, un collectif informel d’origine berlinoise dont les projections itinérantes "pirates" sont toujours réfléchies. Ses membres vont jusqu’à proposer de graver les films de la soirée pour celles et ceux qui apporteront un DVD. Le Nova avait déjà accueilli Pirate Cinema en novembre dernier. Cette fois, Sébastian Luetgert, l’un des fondateurs avec Jan Gerber, occupera le bar pour des projections complices et privées, conviviales et libres, via sa data-base "Oxdb" aux trésors "pirates", ou simplement échangés entre passionnés. C’est aussi Sébastian qui projettera le lendemain le film de minuit dont on n’a pas trouvé de copie de qualité. Il participera également aux discussions sur les droits d’auteurs prévues ce week-end-là.