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Ce cher mois d’août

Ce cher mois d’août

Aquele querido mês de agosto | Our Beloved Month of August

Miguel Gomes, 2008, PT-FR, 35mm, vo st fr, 147

"La vie n’est pas toujours simple, mes amis ! En juillet 2006, une petite calamité survient. Le tournage du film, prévu pour le mois suivant, est reporté à une date incertaine. Il manque de l’argent à la production pour un scénario exigeant d’être tourné à l’intérieur du Portugal pendant les fêtes du mois d’août, et des options de casting du réalisateur. Rapidement remis du choc, celui-ci décide de partir sur le terrain avec une caméra 16 mm et une équipe composée de cinq éléments — petite mais brave ! — et filmer tout ce qui lui semblait digne d’être enregistré, se compromettant à recomposer la fiction en conformité. Cette histoire et les autres qui l’ont suivie vous pourrez les retrouver dans le film ; bien que, par amour de la vérité, on se doit de reconnaître que les apparences sont trompeuses et que certains réalisateurs ont une tendance à la mystification".

Miguel Gomes résume ainsi son second long métrage (après "La Gueule que tu mérites" en 2004), fruit du tournage avorté d’un film de fiction dans la région montagneuse d’Arganil, dont il a néanmoins ramené une riche matière documentaire et, plus encore : une idée précise de la manière dont il va pouvoir renverser la situation et retomber finalement sur ses pattes en réalisant, avec des acteurs non professionnels repérés sur place, un film fort éloigné de son projet initial. Son coup de génie a été de conserver son travail préparatoire, de repérages et de casting, et d’utiliser ces différentes étapes pour construire "Ce cher mois d’août" comme un diptyque où le registre documentaire infiltre en permanence celui de la fiction.

Le synopsis ? Si le réalisateur et l’équipe du film étaient allés droit au but, il pourrait se réduire à quelque chose comme : "les relations sentimentales entre un père, sa fille et son cousin, musiciens d’un groupe de musique de bal". Amour, musique et inceste, donc. Mais voilà, le réalisateur et l’équipe ont effectué un autre cheminement, se laissant emporter par l’ambiance estivale de cette région du Portugal, sa culture populaire, ses fêtes...

Ici, le mois d’août décuple la population et les activités. Quelques touristes s’égarent, de nombreux locaux reviennent de leur exil urbain, tirent des feux d’artifice, contrôlent les incendies, font du karaoké, se jettent du pont, chassent le sanglier, boivent de la bière, font des enfants... D’une chanson à l’autre, de bal en bal, de nuit en nuit, de village en village, de paysage en paysage, c’est d’abord ainsi, avec toute la patience et l’amour pour les bruits de la vie, que nous arrivent les personnages et leurs récits. On y croisera renard, poules et animaux non identifiés, garde forestier, chasseurs de sangliers, groupes d’animation de bals, musiciens, danseuses du ventre, membres des Commissions des Fêtes, entraîneuse en salle, couples dansants, animateurs de radios locales, mais aussi producteurs excédés, techniciens et membres de l’équipe du film, rôtisseur de porc, ouvriers de l’atelier graphique du journal du District d’Arganil, artificier, joueurs de clou, dessinateur de voitures de pompiers, habitués du Bar des Rosbifs à Coja, joueur de hockey, taxi en panne, médecin motard... et même des Belges en vacances.

Bien au-delà du singulier trio amoureux qui devait constituer l’intrigue initiale, Gomes a choisi d’ajouter les traces de sa longue quête d’acteurs, débusquant par là d’autres personnages, d’autres histoires, légendes miniatures s’entrecroisant et prenant petit à petit le poids des énigmes. Un mélodrame aux parfums de farce et de fêtes foraines, qui vous laissera en bouche un goût d’été pour toute l’année.

*Du/van 17.09 au/tot 11.10.2009

Le nouveau blog du Nova propose plus d’informations sur "Ce cher mois d’août" (présentation, bande annonce, photos, revue de presse, interviews...) :*
http://blog.nova-cinema.org/ce-cher-mois-d-aout

17.09 > 21:00 + 18.09 > 19:00 + 19.09 > 21:00 + 24.09 > 19:00 + 25.09 > 19:00 + 27.09 > 21:00 + 01.10 > 19:00 + 03.10 > 19:00 + 04.10 > 16:30 + 04.10 > 21:00 + 09.10 > 19:00 + 11.10 > 19:00


"Peu de films donnent l’impression, comme "Ce cher mois d’août", de s’offrir à la vision comme un organisme vivant, d’être à eux-mêmes leur propre chantier, un chantier créatif qu’il s’agirait, pour le spectateur, d’arpenter au rythme du tournage, dans les pas de l’équipe, enregistrant à son tempo la lente éclosion des choses. De cet objet étrange et enchanteur, puissamment singulier, son réalisateur Miguel Gomes (...) dit qu’il est à la fois « une demi-vérité et un demi-mensonge ». Manière simple, si l’on veut, de décrire le mouvement du film, qui embarque sur les rives du documentaire pour rejoindre celles de la fiction. Mais la formule, à y réfléchir, est celle d’un prestidigitateur : la fiction, dans "Ce cher mois d’août", n’est pas un simple relais du documentaire, elle y éclôt en un geste proprement magique".

— "Revue Etudes", juin 2009

"Le tournage se permet d’entrer clandestinement, et par touches très discrètes, presque de petits accidents, dans le film. Non pour rejouer une énième mise en abîme, mais pour que chaque place, chaque rôle puisse à la fois sourire de son sérieux, et trouver, entre le fabriqué et le hasardeux, une libre correspondance. Lier les choses par la grâce de leur mouvement plutôt que par l’artifice d’un scénario stérilement autoritaire, voilà le choix de ce film, à l’image de ces dominos que le personnage du réalisateur, Gomes lui-même, arrange pour les faire s’affaisser soudain en une longue traîne blanche à ras du sol. Il y gagne, et nous avec, de laisser place au mystérieux, d’entendre ce qu’on ne voit pas, ainsi que le preneur du son le revendique à la fin du film : créer du merveilleux avec les moyens du bord".

— Jean-Pierre Rehm et Francisco Ferreira

"Une oeuvre incandescente et bucolique, moderne et romantique, où le génie improvisateur de John Coltrane semble avoir donné rendez-vous à la fantaisie de la bande dessiné "Le Génie des alpages", de F’murr. En gros comme en détail, rien d’aussi stimulant ne s’est fait connaître au cinéma depuis Jacques Rozier".

— "Le Monde", 23 juin 2009



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