"La vie n’est pas toujours simple, mes amis ! En juillet 2006, une petite calamité survient. Le tournage du film, prévu pour le mois suivant, est reporté à une date incertaine. Il manque de l’argent à la production pour un scénario exigeant d’être tourné à l’intérieur du Portugal pendant les fêtes du mois d’août, et des options de casting du réalisateur. Rapidement remis du choc, celui-ci décide de partir sur le terrain avec une caméra 16 mm et une équipe composée de cinq éléments — petite mais brave ! — et filmer tout ce qui lui semblait digne d’être enregistré, se compromettant à recomposer la fiction en conformité. Cette histoire et les autres qui l’ont suivie vous pourrez les retrouver dans le film ; bien que, par amour de la vérité, on se doit de reconnaître que les apparences sont trompeuses et que certains réalisateurs ont une tendance à la mystification".
Miguel Gomes résume ainsi son second long métrage (après "La Gueule que tu mérites" en 2004), fruit du tournage avorté d’un film de fiction dans la région montagneuse d’Arganil, dont il a néanmoins ramené une riche matière documentaire et, plus encore : une idée précise de la manière dont il va pouvoir renverser la situation et retomber finalement sur ses pattes en réalisant, avec des acteurs non professionnels repérés sur place, un film fort éloigné de son projet initial. Son coup de génie a été de conserver son travail préparatoire, de repérages et de casting, et d’utiliser ces différentes étapes pour construire "Ce cher mois d’août" comme un diptyque où le registre documentaire infiltre en permanence celui de la fiction.
Le synopsis ? Si le réalisateur et l’équipe du film étaient allés droit au but, il pourrait se réduire à quelque chose comme : "les relations sentimentales entre un père, sa fille et son cousin, musiciens d’un groupe de musique de bal". Amour, musique et inceste, donc. Mais voilà, le réalisateur et l’équipe ont effectué un autre cheminement, se laissant emporter par l’ambiance estivale de cette région du Portugal, sa culture populaire, ses fêtes...
Ici, le mois d’août décuple la population et les activités. Quelques touristes s’égarent, de nombreux locaux reviennent de leur exil urbain, tirent des feux d’artifice, contrôlent les incendies, font du karaoké, se jettent du pont, chassent le sanglier, boivent de la bière, font des enfants... D’une chanson à l’autre, de bal en bal, de nuit en nuit, de village en village, de paysage en paysage, c’est d’abord ainsi, avec toute la patience et l’amour pour les bruits de la vie, que nous arrivent les personnages et leurs récits. On y croisera renard, poules et animaux non identifiés, garde forestier, chasseurs de sangliers, groupes d’animation de bals, musiciens, danseuses du ventre, membres des Commissions des Fêtes, entraîneuse en salle, couples dansants, animateurs de radios locales, mais aussi producteurs excédés, techniciens et membres de l’équipe du film, rôtisseur de porc, ouvriers de l’atelier graphique du journal du District d’Arganil, artificier, joueurs de clou, dessinateur de voitures de pompiers, habitués du Bar des Rosbifs à Coja, joueur de hockey, taxi en panne, médecin motard... et même des Belges en vacances.
Bien au-delà du singulier trio amoureux qui devait constituer l’intrigue initiale, Gomes a choisi d’ajouter les traces de sa longue quête d’acteurs, débusquant par là d’autres personnages, d’autres histoires, légendes miniatures s’entrecroisant et prenant petit à petit le poids des énigmes. Un mélodrame aux parfums de farce et de fêtes foraines, qui vous laissera en bouche un goût d’été pour toute l’année.
*Du/van 17.09 au/tot 11.10.2009
Le nouveau blog du Nova propose plus d’informations sur "Ce cher mois d’août" (présentation, bande annonce, photos, revue de presse, interviews...) :*
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