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Ben Rivers & Co

Artiste et cinéaste anglais, Ben Rivers, aujourd’hui acclamé dans les festivals et figure incontournable du cinéma expérimental européen, concocte depuis plusieurs années déjà, des films qui suivent leur propre voie, qui tracent un sillon. Il n’est donc pas étonnant que sa route ait croisé celle de Jake Williams, dont il sera beaucoup question ici.
Il n’en est pas moins connecté à d’autres mondes ou approches, tournant par exemple en ce moment avec Ben Russell, autre figure remarquée du cinéma expérimental contemporain. L’invitation que nous lui avons faite était donc prévue pour coïncider avec la soirée autour d’Alasdair Roberts. Et s’ils ne se croiseront pas physiquement cette fois-ci, les liens se créeront sur l’écran du Nova tant leurs univers comportent des points communs. Nous présentons donc trois courts et moyens métrages ainsi que son premier long, "Two Years at Sea" qui nous a rappelé "Le plein pays", lui aussi proposé dans ce programme.



Ben Rivers, 2011, GB, 16mm > 35mm, sans dial, 88

Cinq ans après "This is My Land", Ben Rivers retourne filmer le fascinant Jake Williams dans la magnifique forêt écossaise où il vit en ermite. Il s’est volontairement écarté de la société pour mener un projet de vie radical, en autosuffisance, ou presque.
"Two Years at Sea" prend le temps de nous immerger dans son espace et son rythme de vie, au gré des saisons. Le cadre, l’image 16mm anamorphique et le développement noir et blanc artisanal donnent un air irréel à ce monde. Le film n’explique rien, mais en dit long. On ne saura pas grand’chose de la vie antérieure de Jake, ni de ses pensées, mais en partageant son intimité grâce à la mise en scène complice de Ben Rivers, on fait forcément un bout de chemin avec lui. On se questionne sur notre rapport à la nature, notre dépendance à la modernité, sur l’isolement, sur ce qu’apporte la société. La question de la survie dans les marges constituant déjà le sujet d’autres films de Ben, d’autres portraits.
Il sera présent lors de la séance du 25 pour nous accompagner à travers eux.

11.05 > 20:00 + 20.05 > 22:00 + 25.05 > 22:00
5€ / 3,5€


The Edge of the World

À l’angle du monde

Michael Powell, 1937, GB, 35mm, vo st fr, 75

Voulant témoigner de la dépopulation de l’île St Kilda à l’ouest de l’Écosse, sur laquelle il avait lu un article, Michael Powell tourne sur l’île Foula, dans les Shetlands, au Nord Ouest, un film au ton très original mêlant fiction et documentaire avec une subtilité, une pertinence et une générosité confondantes.
Des falaises de 800m de haut, des vents violents et continus et une population restreinte survivant de pêche, de la tonte des moutons et des quelques contacts épisodiques par bateau avec l’Écosse composent le fragile équilibre qui bascule lorsque le fils d’un berger, Andrew, décide de tenter sa chance ailleurs. Sa sœur et son fiancé, fils du pêcheur et meilleur ami d’Andrew, ne le voient pas de cette façon et ne peuvent espérer rester sur leur île sans que celui ci ne reprenne l’activité familiale ancestrale. Les deux amis décident alors de départager leurs visions d’avenir lors d’une course/escalade de la plus menaçante falaise...
L’extraordinaire puissance du film s’exprime par tous les aspects, que ça soit la prouesse technique de manier de lourdes caméras des années 30 dans de telles conditions, les prises de vues vertigineuses et audacieuses, les surimpressions et ce témoignage poignant prenant le temps d’accompagner les célébrations religieuses rigoristes mais étrangement chaleureuses, l’organisation d’une micro société, les jeux, les danses et les rites accompagnant les saisons. Le théâtral et intense John Laurie aux côtés de l’iconique Finlay Currie, donnent toute leur mesure aux personnages des deux pères impuissants à guider leurs enfants dans ce monde aux règles nouvelles. Tous ces éléments font de ce premier film personnel de Michael Powell un immense chef-d’œuvre.

19.05 > 20:00 + 24.05 > 22:00
5€ / 3,5€


Pas toujours simple de se passer d’étiquettes et de petites cases, et les lieux "alternatifs" n’échappent pas à la règle. Ce qui touche à la tradition n’est pas une priorité au Nova. Et même si ailleurs le "folk" fut à la mode ces dix dernières années, c’est plus souvent son aspect éthéré, mâtiné d’autosuffisance cachée sous de la timidité de bon ton qui a séduit et a été mise en avant.
Ce soir, Michael Powell, qui ouvre le bal avec un film époustouflant lance cette soirée sur une autre piste. Avec "Handbal’ at Kirkwall, Orkney" (1939), "New Year Fireball Festival, Stonehaven" (1965) et "The Burry Man of South Queensferry" (2000-02) trois courts présentant d’étranges coutumes écossaises, elle se poursuit, creusant ainsi un sillon vernaculaire véritable culminant dans "Here’s a Health to the Barley Mow" (1965) qui décrit un pub anglais et ses vieux vivants, chantant, dansant.
Nous vous invitons ensuite à venir voir et entendre Alasdair Roberts. Pas un néo-folkeux de plus ni un musicien de musée, mais un artiste empruntant une voie bien à lui, les deux pieds dans la tradition musicale qui est la sienne. Comme Ben Rivers ou Luke Fowler, il jouit d’un certain succès ou plutôt d’une reconnaissance certaine, en proposant une interprétation. C’est peut être là que le mot "folk" prend son sens, lorsque on s’attache moins à la création (chez lui pourtant présente et pertinente) qu’à cette interprétation qui rassemble et singularise chaque acteur présent selon sa pratique. Son jeu de guitare très riche et sa voix perchée délivrés par un corps anguleux, une présence farouche et crâne seront sur la scène du Nova, soulignés par deux films de Luke Fowler en 16mm ("Advance the Unknown’" et "Under No Enchantment") projetés simultanément.

19.05 > 22:00
7,5€ / 6€ (soirée / avond)


Antoine Boutet, 2009, FR, video, vo fr , 58

Un homme vit reclus depuis plus de trente ans dans une forêt en France. Jean-Marie Massou creuse en solitaire de profondes galeries souterraines qu’il orne de gravures archaïques. Elles doivent résister à la catastrophe planétaire annoncée et éclairer, par leurs messages clairvoyants, les futurs habitants. Il trimbale avec lui un vieux magnétophone sur lequel il enregistre des messages évoquant la fin de la reproduction humaine ou l’arrivée des extra-terrestres. Jean-Marie est quelqu’un de difficile à cerner et à définir. Incompris par les paysans et les agriculteurs de sa région, il réfute les termes d’artiste, d’ermite, de sauvage ou d’homme des bois. C’est un travailleur manuel de la terre.
Portrait d’un artiste non identifié, le film raconte cette expérience en marge de la société moderne, affectée par la misère humaine et la perte définitive d’un monde parfait. "Le plein pays" est un documentaire fascinant et perturbant, qui ne laisse pas indifférent. Pour son réalisateur, issu de l’art vidéo, il s’agit d’un film sur la résistance, l’isolement et la folie, qui questionne les limites de la pulsion créatrice.

20.05 > 20:00 + 24.05 > 20:00
5€ / 3,5€


Ben Rivers, 2010, GB, 16mm, vo st fr, 45

Ben Rivers propose un œil sur son monde, celui qu’il connait, qu’il va découvrir ou qu’il rêve. Armé d’une caméra 16mm, son outil de prédilection, souvent même doté d’une optique anamorphique ajoutant ainsi format rare à forme étonnante, il témoigne autant qu’il construit au moyen d’images habitées.
"Slow Action" en est l’exemple le plus probant et compose avec ses 45 minutes le corps principale de cette séance. Film de science-fiction post-apocalytique contemplatif, il décrit quatre survivances sur quatre "îles" différentes. Des décors du bout du monde (Lanzarote, Gunkanjima, Tuvalu) ou à deux pas de chez lui (Somerset ) forment les scènes où l’imagination du cinéaste semble vagabonder librement, fixée par une voix off, fil conducteur et guide de ces mondes oniriques.

Nous vous proposons également deux courts métrages remarqués, témoignant d’une œuvre à l’esthétique et aux thèmes cohérents.

+ Ah, Liberty !

Ben Rivers, 2008, GB, 16mm, vo, 20

"Ah, Liberty !" présente dans un superbe noir et blanc, une famille vivant au milieu de rien, où les animaux errent en toute liberté, où le terrain de jeu des enfants ne connait de limites, servant ainsi à tous les désirs ludiques, et où le travail trouve un sens particulier.

+ This Is My Land

Ben Rivers, 2006, GB, 16mm, vo, 14

"This is My Land" est l’embryon de "Two Years at Sea", proposé en seconde partie de soirée. On y découvre pour la première fois Jake Williams qui nous accueil dans sa vie de refus, pétrie d’ouverture et de générosité, qui se soustrait tout en s’abandonnant aux hommes et leurs avenir.

25.05 > 20:00
5€ / 3,5€ 7,5€ / 6€ (soirée / avond)


Concert

Jake Williams

Jake Williams est le personnage central de "This Is My Land" et de "Two Years at Sea". Il est à l’écran comme dans la vie et même sur scène où il exprime un talent unique, armé de sa double guitare électrique/mandoline et d’un micro contact sur un boitier plastique de récupération sur lequel il martèle au pied un sens du rythme, unique lui aussi. Il est l’interprète désarmant et enthousiasmant de chansons aussi drôles que finement écrites qui nous font visiter son pays par le petit bout de sa lorgnette. Ça ne serait pas lui faire honneur de le comparer à qui que ça soit tant sa soif de singularité est grande mais sur scène, Michael Hurley et les plus drôles des chanteurs de Topic Records ne sont pas loin. Son isolement ne l’a pas éloigné des hommes, de la gaité et de la convivialité. Pour sûr, un grand moment de musique, de rire et de chaleur humaine en perspective !

25.05 > 24:00
Gratis


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