L’arrivée du numérique nous était annoncée depuis très longtemps, cependant peu pensaient qu’il supplanterait aussi rapidement la pellicule. A ce sujet, la rapidité avec laquelle il s’est imposé ne peut qu’être suspecte, car trop brusque, trop violente. Certains font le rapprochement avec d’autres avancées technologiques qui ont révolutionné le cinéma, non sans remous, par exemple l’arrivée du sonore ou de la couleur. Pourtant… cette révolution-ci est probablement très différente. Cette fois, il s’agit du changement du support "image", et ce n’est pas rien : de la pellicule imprimée, nous passons à un fichier de données virtuelles, de l’analogique, nous passons au digital.
Ce changement représente également, en un claquement de doigts, la disparition d’un matériel technologique et d’un savoir-faire vieux de plus de cent ans ! Le cinéma n’aura jamais vécu de bouleversement aussi radical, à l’échelle quasi-planétaire, pieds et poings liés à une logique mercantile où peu de place est laissée pour un discours de continuité et d’indépendance artistiques. La "marche forcée" vers le numérique, comme certains l’ont défini... voulue par les majors américaines, pour dire les choses comme elles sont. Dans les secteurs de la diffusion et de l’exploitation ce bouleversement n’est pas sans créer des dégats, car un grand nombre de petites structures risque de ne pas passer le cap, la technologie numérique étant extrêmement coûteuse.
Tourner, diffuser, projeter en pellicule ou en numérique devrait pouvoir être du ressort d’un choix "artistique" et "économique", et non seulement dicté par des règles de marché. Aujourd’hui, ce choix est tout simplement nié. Nous sommes certains, au Nova -et nous ne sommes pas les seuls- que la pellicule n’est pas morte, et que le digital a un avenir tout aussi excitant que celui de la pellicule. Arrêtons de confondre ou opposer les deux supports : pourquoi une cohabitation serait-elle impossible ? Cette préoccupation a motivé l’organisation, dans le cadre de la rencontre Kino Climates de juin, d’une journée de discussion sur cette "révolution numérique". Pour parler du présent, du futur, mais également du passé, sans aucune forme de nostalgie.
Table Ronde #1 / 10:00 > 13:00
Quel est l’impact des technologies digitales sur le secteur des salles de cinéma indépendantes ? Y-a-t-il des alternatives aux formats numériques imposés par l’industrie du cinéma ?
Avec :
Torkell Saetervadet (Oslo/No - member of the FIAF Technical Film Commission, independent consultant for archive & repertory theatres,
author of « The Advanced Projection Manual ») ;
Nicolas Bertrand (Toulouse-Lyon/F - Software engineer, working on a three-years research programme on behalf of Cinema Utopia (Fr) and Université de Lyon on alternative and free licence DCP softwares) ;
Jean-Philippe Jacquemin (Lille/Fr - Software engineer and independent consultant ; member of the CST (Fr) technical film commission).
Table Ronde #2 / 14:00 > 18:00
Quel future pour les petites maisons de distribution et pour la diffusion de films indépendants à petit budget ? Y-aura-t-il encore un accès aux archives cinématographiques en pellicule dont les copies des cinémathèques ?
Avec :
Giovanna Fossati (Amsterdam/Nl - Head curator at the Eye Institute/ Amsterdam. Author of « From grain to pixel//The archival life of Film in transition ») ;
Sebestyén Kodolányi (Budapest/ Hu - Director of the Béla Balàzs Studio) ; Fabienne Hanclot (Paris/Fr - Executive director of ACID/ Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) ;
Catharine Des Forges (London/Uk - Executive director of ICO/ Independent Cinema Office) ;
Stefan Droessler (Munich - Director of the Munich Film Museum / to be confirmed).