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Pertes & profits

Cette énième crise révèle à nouveau l’abîme qui sépare deux univers : d’une part une oligarchie financière, constamment soutenue par les gouvernements de droite comme de gauche, triomphante en période de prospérité, larmoyante lorsque la banqueroute la menace ; d’autre part l’immense majorité de ceux qui ne disposent pas des mêmes privilèges, habitués à tout payer, pour assurer les profits ou essuyer les pertes du système financier.
Comment donc se saisir des multiples questions suscitées par le déclenchement d’une telle crise ? Telles qu’elles nous sont présentées, ces problématiques apparaissent rebutantes et abstraites. De prime abord, le cours du Dow Jones, les subprimes et autres dérivés de crédit ne sont guère des sujets affriolants. Plus fondamentalement, dans la pratique, les discours dénonçant des entités aussi désincarnées que les "marchés" ou la "finance" n’offrent que peu de prises concrètes.
Le développement de pratiques politiques mettant en question les credos dominants sur l’économie nécessite sans doute de changer d’angle d’attaque, de manière à voir comment concrètement cette oligarchie assure continuellement ses privilèges et ses richesses. Quelles relations entretient-elle avec le politique ? Par où et comment circulent les milliards en jeu dans les questions de finance ? Quelles sont les implications de ces mécanismes sur nos quotidiens ?
À cet égard le cinéma peut jouer un rôle essentiel. L’histoire des Dexia, Enron ou Lehman Brothers, l’œuvre d’une Margaret Thatcher, le miracle immobilier espagnol d’avant-crise peuvent s’y donner à voir comme des sagas politico-économiques dans lesquelles l’argent, le pouvoir et le cynisme font bon ménage. À l’autre bout de la chaîne, les nombreux documentaires réalisés actuellement partout en Europe donnent une idée concrète des enjeux sociaux véhiculés par une telle crise.

Une programmation organisée en collaboration avec Dites 33 !, Le P’tit Ciné et le Réseau Financement Alternatif (Financité).
www.dites33.be | www.leptitcine.be | www.rfa.be

Aller plus loin ? Financité propose des ateliers :
• Le 23.09 à 18h30 : "La spéculation sur les matières premières agricoles"
• Les 08.10 et 15.10 à 18h30 : "Comment agir et réagir face à la mainmise des financiers sur le monde économique et financier ?"
Ces ateliers sont ouverts et gratuits (75 rue Botanique à Bruxelles), merci de confirmer votre présence. Infos à citoyen@financite.be ou sur www.financite.be



"Ô toi, (potentiel) travailleur ! Te voilà maintenant sommé d’être actif, de prouver que tu mérites ta chance, de démontrer ta volonté (réelle !) d’intégration, de prendre tes responsabilités, de développer tes capacités et ton autonomie, et de devenir l’entrepreneur de toi-même. Enfin bref, de te bouger le cul pour trouver un emploi.
Mais rendons-nous à l’évidence. Il y a beaucoup d’appelés, peu d’élus. Le constat est simple. Dans le contexte de chômage structurel qui est le nôtre, tout le monde ne trouvera pas d’emploi. Et les laissés-pour-compte-sommés-d’être-actifs souffriront. Voilà la dure loi. Dès lors, n’est-ce pas paradoxal, pour ne pas dire absolument délirant, qu’on demande aux chômeurs de chercher "activement" du boulot ?
C’est cette contradiction que nous mettons en scène. Deux murs, un contraste, un foisonnement de lettres de motivations. Toutes uniques, mais toutes identiques. Chacune témoignant, à sa manière, des injonctions à la responsabilisation individuelle."

En complément à cette installation de François Ghesquière, Mélanie Cambier et Joël Girès dans l’espace du foyer-bar du Nova, Plus Tôt Te Laat (PTTL) affichera dans le couloir ses papiers peints et autres stencils à la gloire du Dieu Emploi, tandis qu’Emmanuel Tête ouvrira sa banque de "Credi Poetic" dans le bokaal de l’entrée durant le vernissage et de manière impromptue certains soirs… afin que vous soyez prêts à affronter la rentrée laborieuse qui vous attend, non sans humour !

www.pttl.be
www.emmanueltete.eu

12.09 > 19:00
Gratis


+ Win for Life

Marie Vella, 2013, BE, video, vo fr st nl, 20

Une conteuse, un fabulateur, un dompteur de mots, un balayeur de sons. Quatre puissants personnages entreprennent de masquer le réel en vivant d’autres histoires de passion et de travail. Une allégorie vive. Joyeuse. La précarité devient une force. Conjurer le sort jeté à la création des caisses chômage.

L’avant-première de ce court métrage documentaire d’animation sera suivie par une rencontre avec les auteurs du livre "Choming Out" (éditions D’une Certaine Gaîté, postface de Bernard Friot), militants de la rupture avec la logique du plein emploi comme seule porte de sortie de crise, de l’affirmation que dans le hors emploi s’expérimentent des processus alternatifs de production de richesses, qu’il s’agit aujourd’hui de reconnaître pour ce qu’elles sont : de la production de haute valeur ajoutée…

Et pour terminer la soirée activante en beauté, Defi J nous fera le plaisir d’un passage par les platines du foyer !

12.09 > 20:00
Gratis


Sigurdur Hallmar Magnusson, 2012, IS-CZ-FR, video, vo st fr, 52

En octobre 2008, les trois principales banques islandaises s’effondrent. Ce krach plonge le pays dans la faillite, des milliers de personnes perdent leurs emplois, leurs économies et leurs espoirs. Dans une nation où la richesse est considérée comme une vertu, qui peut-on blâmer de la chute du système financier ? Est-ce que la remise en question des valeurs capitalistes n’est pas la meilleure chose qui soit arrivée à l’Islande ?
"Iceland Year Zero" ne propose pas une analyse économique de cette crise, il donne la parole aux gens qui l’ont vécue et se propose de raconter l’histoire d’un peuple foudroyé par la crise de 2008, réalisant aujourd’hui ce qu’il a traversé, ce qu’il a perdu et ce qu’il lui faut retrouver. Voici un film montrant la façon dont les gens voient leur avenir et leur façon de s’accommoder avec les restes d’un système capitaliste en ruines.

13.09 > 22:00 + 04.10 > 20:00
3,5€ / 2,5€


Mercedes Álvarez, 2011, SP, HD, vo st fr & ang, 110

Une demeure vidée de sa mémoire, des agents de change, un congrès sur le management, une foire immobilière, un brocanteur bourru… Avec quelques éléments judicieusement filmés et imbriqués, Mercedes Álvarez nous plonge dans les rêves cauchemardesques des idéologues bonimenteurs de notre époque, dans lesquels l’humain s’efface devant une mythologie de la performance et ses promesses d’enrichissement, tout en imposant une marchandisation outrancière de la ville, mais aussi des rêves et désirs de ses habitants. Il ne faut pas longtemps pour que se fissure cette façade glaciale de paradis terrestre, fantasmée par des technocrates de tout acabit. Il suffit d’un plan, d’une action, d’une parole ou d’un personnage incongrus pour que l’humain et le réel refassent surface, non sans une ironie mordante, ô combien salutaire ! Un superbe film qui tient plus de l’essai politico-philosophique que du constat documentaire, faisant œuvre de cinéma prophylactique en ces temps absurdes et tragiques, où la cause de nos maux est érigée en solution par nos dirigeants, ad nauseam.

14.09 > 22:00 + 21.09 > 20:00 + 17.10 > 22:00
5€ / 3,5€


Alex Gibney, 2005, US, 35mm, vo st fr & nl, 110

Une plongée vertigineuse dans le pire scandale financier du début de notre siècle : la débâcle frauduleuse d’Enron. Cette société de courtage en énergie, alors septième plus grande entreprise américaine par capitalisation boursière et modèle de tous les aficionados de la dérégulation, se révéla n’être au final qu’une vaste escroquerie, dirigée par des hommes cupides dont le seul talent a été de berner leur monde durant des années. De la falsification systématique des comptes, notamment via la création de milliers de sociétés offshores, jusqu’à des opérations spéculatives criminelles qui ont ruiné un État entier, la Californie, rien dans ce documentaire ne nous est épargné. Rondement mené, extrêmement bien documenté, avec des pointes sarcastiques bien placées, "Enron : The Smartest Guys in the Room" prend des allures de film d’action, voire d’opéra tragi-comique, tant les mensonges, la "culture d’entreprise", les corruptions et compromissions diverses, sans oublier les conséquences désastreuses engendrées par la faillite finale, sont hors normes. Un film dont on ressort assez sonné, mais certainement plus intelligent… "Ask Why" !

22.09 > 22:00 + 04.10 > 21:00
5€ / 3,5€


Film

Debts Inc.

Schulden G.m.b.h.

Eva Eckert, 2013, AT, HD, vo st fr & ang, 75

Moteur providentiel de l’économie, l’emprunt illumine nos quotidiens de son pouvoir de création consumériste. Que seraient nos bien tristes vies sans écrans plats, voitures de sport et autres maisons quatre façades ? Une certitude : celles des pro de la dette s’affaisseraient instantanément. Ces hommes et femmes, passés maîtres dans l’art du grand recouvrement, vous aiment et, ne l’avoueront que sous la torture, mais leur paradis, ils vous le doivent. Jusqu’à un certain point, plus vous aurez de mal à éponger vos dettes et plus ils seront enchantés de vous compter parmi leurs clients. Que faire d’un remboursement total ? Que deviendraient leurs taux d’intérêt à deux chiffres ?
Développant une esthétique et une structure claires, Eva Eckert nous plonge dans le business de la dette et nous confronte au cynisme lancinant des professions liées à cet univers juteux. Ces charmants facilitateurs d’endettement nous le disent "emprunter de l’argent coûte aussi de l’argent", avec "Debts Inc.", vous saurez comment et pourquoi !

26.09 > 22:00 + 05.10 > 20:00 + 19.10 > 22:00
5€ / 3,5€


Elissavet Laloudaki & Massimo Pizzocaro, 2013, GR, video, vo st ang, 68

Ce documentaire présente un portrait croisé de quatre Athéniens subissant de plein fouet la dérégulation, l’austérité et l’appauvrissement d’une nation en faillite, aux mains d’une Troïka impitoyable. Un couple d’artistes, l’un plasticien, l’autre violoncelliste, ne pense qu’à fuir avec leur enfant l’absurdité ambiante pour une question de survie. Un jeune professeur d’économie, soutenu par un nouveau petit parti de gauche, se présente aux élections parlementaires en dépit du fait que certaines de ses convictions libérales contredisent les idées défendues dans ses propres rangs. Enfin, un jeune designer crée sa propre entreprise afin de ne plus être exploité, insultant la chancelière allemande à la moindre occasion, aigri par une situation sans issue. Ponctué de zappings décapants mêlant publicités, flash infos et jeux TV des médias grecs, "Living in Interesting Times" ne manque cependant ni d’humour, ni d’énergie, face à la déliquescence générale, comme tous les personnages de cette tragi-comédie se jouant malgré eux.

06.10 > 22:00 + 19.10 > 20:00
5€ / 3,5€


Larry Revene, 1982, US, 35mm > video, vo, 83

Wanda Brandt est une cadre provinciale bien décidée à conquérir Wall Street. Engagée par une société de courtage, elle en vole subrepticement les parts en faisant chanter les associés grâce aux joies de l’adultère. Paniqué par cette prise de contrôle hostile, le PDG fait appel à un détective… Catégorisé "film de cul", "Wanda Whips Wall Street" va au-delà du genre. Le sexe n’est point omniprésent, la comédie prenant le dessus, avec un scénario bien ficelé et une réalisation soignée, agrémentée d’une sympathique musique disco. Les décors naturels sont privilégiés (dont une séquence cocasse au New York Stock Exchange !) et le jeu d’acteur est convainquant. Que celui-ci soit le fait de près de 25 rôles "asexués" ou de stars du X prenant plaisir à jouer, comme à copuler, on est loin des performances mécaniques artificielles du genre. Ainsi, à l’image de Veronica Hart qui incarne avec réel talent une Wanda malicieuse, un film pornographique dans le milieu de la finance n’est pas forcément une gageure, d’autant qu’il est ici délicieusement immoral dans un univers qui l’est bien autrement !

27.09 > 22:00
5€ / 3,5€


Live Soundtrack

L’argent

Live Music > René Binamé

Marcel L’Herbier , 1928, FR, 35mm, muet, 164

Saccard, directeur de la Banque Universelle, frôle la faillite lorsque son ennemi de toujours, le banquier Gunderman, bloque une augmentation de capital de sa société. Pour se remettre à flot, il décide de financer une audacieuse expédition aérienne menée par l’aviateur Jacques Hamelin, qui projette d’aller exploiter des gisements de pétrole en Guyane.
Tourné un an avant le krach boursier de 1929, "L’argent" nous plonge dans les magouilles financières et le monde de la Bourse, en proie à la fièvre du profit. Avec cette libre adaptation du roman homonyme d’Émile Zola, Marcel L’Herbier joue avec l’effervescence suscitée par la spéculation pour multiplier les expérimentations cinématographiques. Ainsi, lors d’une scène tournée à la Bourse de Paris, une caméra a été attachée à un câble de 22 mètres de long, pour plonger littéralement en tournoyant, du haut de la coupole surplombant la fameuse "corbeille" en ébullition, autour de laquelle s’affolent plus de 2000 figurants (dont certains étaient de véritables opérateurs de bourse).
Pour accompagner l’un des derniers grands films du cinéma muet, les René Binamé, groupe de free-punk-rock bien connu par chez nous, relèveront le défi d’un Live Soundtrack. La confrontation inédite d’un groupe habitué à jouer sur des textes incisifs, avec l’univers de la spéculation et de la bourse, risque de détonner.

(Film restauré par les ARCHIVES FRANCAISES DU FILM, dans le cadre du plan de sauvegarde des films anciens du Ministère de la Culture)

28.09 > 20:00
7,5€ / 6€


Cineketje

Mary Poppins

Robert Stevenson, 1964, US, 35mm > video, vt fr st nl, 139

Londres, début du siècle dernier. M et Mme Banks, respectivement banquier et suffragette, n’ont guère le temps de s’occuper de leurs enfants, Jane et Michaël. Ces derniers, turbulents, font fuir leurs nourrices successives, jusqu’au jour où Mary Poppins, descendue de son nuage, se présente pour le job… Œuvre-testament de Walt Disney, mélangeant allègrement prises de vue réelles et animation, "Mary Poppins" est l’une des plus célèbres comédies musicales du cinéma. Outre l’aspect enchanteur du film, c’est surtout au niveau du fond anticonformiste qu’il étonne, jusqu’à sa morale finale qui n’est pas loin d’être anticapitaliste ! Nous n’irons pas jusqu’à dire que son contenu soit prémonitoire de la crise de 2008, mais rien que la séquence où M. Dawes Senior, le big boss de la "Fidelity Fiduciary Bank", tente de persuader sournoisement Michaël d’y investir ses maigres économies, est d’une efficacité à dégoûter définitivement du grand capital ! C’est pourquoi "Mary Poppins" sera présenté dans sa version française (et vidéo, faute de 35mm en bon état) afin que la leçon soit bien apprise des enfants…

06.10 > 15:00
3,5€ / 2,5€


squelettes/rubrique-3.html
lang: fr
id_rubrique: 1849
prog: 1848
pos: aval