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Cinema with Us

Au lendemain du tsunami ravageant dans le même mouvement la côte nord-est du Japon et les espoirs de lendemains nucléaires enchanteurs, les médias occidentaux -dans une solennelle unanimité- saluèrent sobrement d’une part l’ordre et le calme des japonais si bien organisés face à la catastrophe, et fustigèrent d’autre part, d’un air entendu, leur soumission ordonnée et stérile au gouvernement ainsi qu’à Tepco (exploitant de la centrale de Fukushima Daiichi), en soulignant l’apathie de journalistes prompts à resservir les mensonges et imprécisions du pouvoir aux médias locaux. En grattant le cliché apparaissent pourtant des poches de résistance informative, par le biais de documentaristes chevronnés, plongeant aux alentours ou dans la zone d’exclusion nucléaire grandissante pour, sans concession et dans la nécessaire confrontation, témoigner de la situation critique depuis les premiers instants de la catastrophe, jusqu’aux mouvements de lutte actuels. Ce travail, dense et protéiforme, fut directement soutenu par l’équipe du Yamagata International Documentary Film Festival (YIDFF), plus important festival de documentaires d’Asie, au travers de leur projet ’Cinema With Us’ qui, six mois à peine après le 11 mars, projeta plus de 20 films engagés. Et engageants !

Trois films liés à ce programme de soutien seront exceptionnellement diffusés, autant pour saluer l’initiative vitale du YDFF que pour explorer de nouvelles formes de représentations des vies, alliances et débrouilles de l’après Fukushima.

http://www.yidff.jp



Matsubayashi Yoju, 2011, JP, HD, vo st fr, 109

14h46, le 11 mars 2011, Tokyo tremble. Longtemps. Si des secousses remuent fréquemment les fondations des interminables tours tokyoïtes, ces trois minutes de béton mouvant terrifient jusqu’aux salarymen les plus concentrés. Dans son flat de banlieue, Matsubayashi Yoju enregistre directement ce qu’il perçoit : de son cactus chancelant à ces images, glaçantes, d’un territoire terrassé par la vague et irradié par les fuites. Originaire du sud-nippon, Matsubayashi part en direction de ce nord-est inconnu pour découvrir et témoigner du destin des survivants confrontés à l’exode nucléaire, organisé à coups de compas. Ce carnet de route filmé illustre à la fois l’intégration du réalisateur dans le quotidien contrarié des riverains de la centrale, que les premiers mois de survie entre organisation du chaos et intégration d’une inévitable résignation. "Fukushima : Memories of the Lost Landscape" est incontournable dans l’appréhension des premiers mois d’un désastre humain, entre autre causé par l’atome.

Yoju Matsubayashi sera présent ce dimanche 7 décembre

29.11 > 17:00 + 07.12 > 19:00
7,5€ / 5€ (soirée / avond)


Ian Thomas Ash, 2012, JP, HD, vo st fr, 70

En quête de désintoxication territoriale, des ouvriers déblayent le moindre mètre carré de bitume pour enfin rouvrir les plaines de jeu et laisser gambader les guillerets bambins aux alentours de la zone interdite. Au centre de cette activité, les mères angoissent. La montagne de sacs hermétiques emplis de poussières radioactives ne les apaise pas plus que les avis systématiquement rassurants des hôpitaux officiels, contredits par les expertises d’instituts privés ignorés par le gouvernement. Ian Thomas Ash, résidant au Japon, explore ce terrain : des kystes envahissant les jeunes thyroïdes à la volonté des dirigeants, compréhensible mais dramatique, de normaliser le quotidien dans ces territoires, tandis que l’incertitude et les approximations plombent définitivement le moral des plus jeunes.

29.11 > 19:00
7,5€ / 5€ (soirée / avond)


Yumiko Hayakawa, 2014, JP, HD, vo st ang, 56

Troisième temps de la catastrophe, après le choc et le constat : la réaction ! Ce film montre la révolte d’une femme au foyer qui, confrontée au quotidien à la gestion calamiteuse du flux nucléaire, joue poliment des coudes pour bousculer les codes de bonne conduite nippons. Dépourvue dans un premier temps du soutien de ses proches, Kida Setsuko s’embarque dans un combat politique contre le système nucléaire et contre les structures patriarcales qui la cantonnent à des rôles subalternes. Hayakawa Yumiko, la réalisatrice, suit cette révolte émancipatrice de long terme, depuis Fukushima jusqu’aux trottoirs tokyoïtes à conquérir.
Une rencontre exceptionnelle en vidéoconférence sera organisée à la suite de la projection avec la réalisatrice et Kida Setsuko pour évoquer le film et la situation actuelle !

29.11 > 21:00
7,5€ / 5€ (soirée / avond)


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