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A Fábrica de Nada (L’usine de rien)

A Fábrica de Nada

L’usine de rien / The Nothing Factory

Pedro Pinho, 2017, PT, DCP, vo st fr & ang, 178

Une nuit, un groupe de travailleurs se rend compte que la direction de l’entreprise a organisé le vol de machines dans l’atelier de leur fabrique d’ascenseurs, située dans la banlieue industrielle de Lisbonne. C’est le premier signal d’un licenciement massif. La plupart des ouvriers refusent de participer à l’hypocrisie des négociations individuelles, et tentent d’empêcher la délocalisation de la production. Ils ont à peine le temps de passer de la perplexité à la révolte, que leur direction s’est volatilisée, laissant derrière elle une usine à moitié vide. Dans ces conditions, à quoi bon faire grève et contre qui se battre ?

Si "L’usine de rien" démarre sur ce constat d’impuissance, c’est pour mieux nous inviter à le dépasser. Issu d’un processus de gestation long de six ans, le film s’intéresse moins au récit de la fermeture d’une usine qu’à la question de l’après, aux nouveaux désirs qui émergent parmi les ouvriers, lesquels se mettent à discuter, débattre, s’engueuler, réfléchir… Un processus collectif qui donne lieu à une tentative d’autogestion, à de nouvelles formes d’occupation du lieu et du temps. Dans un contexte où le capital volatile rend caducs les rapports de force habituels, de nouveaux possibles sont à inventer.

Tourné avec des acteurs amateurs (en majorité de véritables ouvriers), dans une usine qui connut elle-même une expérience d’autogestion pendant une vingtaine d’années suite à la révolution des Œillets, Pedro Pinho donne à son film ce mouvement inventif et jouissif, se risquant à voyager entre des registres aussi variés qu’inattendus. Partant d’une réalité sociale précise, il se déploye comme une fresque à pistes multiples, ne cessant de surprendre, d’ouvrir des questionnements et des voies parfois discordantes, sans jamais se complaire dans un dispositif. Dans ce propos et cette forme ouverte, on retrouve quelque chose des films de Robert Kramer, Jean-Luc Godard ou Miguel Gomes. Les plans montrant les ouvriers désœuvrés face à leurs machines inutiles deviennent de véritables tableaux, la fiction se mêle au documentaire social, des débats philosophiques sur l’après-capitalisme côtoient des concerts punks, l’exploration des possibles pour réagir aux délocalisations intempestives s’agrémente même d’une comédie musicale jouée par les ouvriers dans leur usine en déliquescence ! Les répercussions intimes de cette faillite sont explorées à travers la vie de Zé, un des plus jeunes du groupe. Et l’arrivée d’un étrange cinéaste argentin voulant plaquer ses théories politiques sur la situation, et s’imposer comme le metteur en scène du renouveau de l’usine, crée une interférence, une mise en abyme donnant encore plus d’épaisseur à cette fable contemporaine où rien n’est gratuit, pas même sa durée de presque trois heures. Une des meilleures surprises du cinéma portugais de ces dernières années.

• Le 10 janvier à 19h30 : première projection suivie d’une rencontre avec Pedro Pinho.

• Le 1er mars à 20h00 : séance introduite et suivie d’une discussion avec Anselm Jappe, théoricien de la nouvelle critique de la valeur, spécialiste de la pensée de Guy Debord, et qui participe à "L’usine de rien".

Anselm Jappe @ Nova

www.afabricadenada.com

10.01 > 19:30 + 12.01 > 17:00 + 13.01 > 15:00 + 18.01 > 20:00 + 20.01 > 15:00 + 25.01 > 20:00 + 27.01 > 15:00 + 31.01 > 20:00 + 10.02 > 15:00 + 16.02 > 21:00 + 21.02 > 20:00 + 24.02 > 15:00 + 01.03 > 20:00 + 03.03 > 19:00
6€ / 4€


Amis de l’ethno-folko-punk, voici la version portugaise de cette internationale ! Dans "L’usine de rien", Focolitus est le groupe dans lequel chante Zé, jeune ouvrier de banlieue et personnage principal de ce film qui passe de la fiction néoréaliste au documentaire, et de la comédie musicale… au punk, musique de révolte de la génération du réalisateur Pedro Pinho. "Focolitos" désigne en un seul terme : politique, histoire et idéologie, c’est-à-dire quelque chose qui se situe entre l’individu et la procédure politique. Dans la vraie vie, Focolitus, c’est un groupe qui fait de l’insoumission un art de vie. Formé à la fin des années 1990 à Lisbonne, il est aujourd’hui le groupe punk du proletarock le plus éclectique et le plus bizarre du Portugal (au moins). "L’amour a fait de moi un anarchiste", chantent-ils. Et comme de l’écran à la scène du Nova, il n’y a qu’un pas, nous le franchirons allègrement ce soir pour fêter l’énergie et la pensée de ce beau film subversif. Avec en première partie, le punk futuriste de Duas semi colcheias invertidas ("deux demi-notes inversées"), des camarades lisboètes de Focolitus.

www.focolitus.com
www.duassemicolcheiasinvertidas.bandcamp.com

01.02 > 20:30
6€


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