L’histoire de l’Algérie s’est édifiée autour de ses nombreuses luttes et résistances, depuis l’invasion arabo-musulmane et la domination turque, jusqu’à la colonisation française et la lutte pour l’indépendance. Et tout le cinéma algérien porte la trace de cette histoire-là, qu’il la glorifie ou la questionne. Riche, variée et foisonnante, la cinématographie algérienne s’est d’abord construite autour de la guerre d’Algérie pour se réapproprier son image et élaborer sa résistance. Dans les années 60 et 70, l’Indépendance de l’Algérie enfin gagnée fait d’Alger la Mecque des révolutionnaires, au centre des luttes anticolonialistes et anticapitalistes qui se jouent sur tout le continent africain, et partout dans le monde. Soutenu par une télévision d’état puissante, le roman national, qui glorifie cette histoire d’une Algérie rebelle, fière et finalement victorieuse, se perpétue. Mais dès les années 70, un autre cinéma se met en place qui s’émancipe de ces représentations pour remettre en question les mythes déjà bien ancrés, et se centrer sur la société algérienne, ses troubles et ses convulsions. Dans les années 90, la décennie noire de la guerre civile va venir faire éclater cette identité algérienne et briser le mythe en deux. Une longue période de censure et d’étouffement s’ensuit. Jusqu’à aujourd’hui, où le vent de la révolte souffle de nouveau. En quelques films phares, classiques, mythiques ou prometteurs, ce programme s’est plongé dans cette foisonnante cinématographie pour tenter de faire le tour de cette histoire d’une ville, d’un pays, en résistance. S’ébauche peu à peu à travers tous ces films si variés, les contours d’une histoire politique et sociale bien plus délicate que celle dessinée par les versions officielles. Le cinéma, cet art populaire qui construit et déconstruit les imaginaires collectifs, s’y avère une arme redoutable, qu’il s’agisse de lutter contre l’envahisseur ou de résister à l’ennemi intérieur.