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Guattari chaosmik

Trente ans après sa disparition, Félix Guattari laisse derrière lui – et manifestement devant nous – une nuée d’idées et d’expériences inestimables, une Terre de Feu d’où surgissent les luttes anti-capitalistes les plus saillantes si l’on pense aujourd’hui aux offensives féministes, décoloniales et écologistes. Anticipateur et visionnaire, le penseur-militant vient se loger dans les murs du Nova pour quelques soirées. Cette programmation prend part à un ensemble plus large de célébrations à travers le monde initié par l’association des ami·es de Félix "Chaosmosemedia". Nous tenterons de faire rhizome entre le travail d’élaboration de nouvelles subjectivités de Félix, son activisme "micropolitique" dont celui entrepris à la Clinique psychiatrique de La Borde pendant 40 ans, et des expériences contemporaines d’être et d’agir autrement, un champ social familier de notre cinéma. Devant la multitude de facettes du travail de Félix Guattari, nous avons choisi l’hétérogénéité qu’il affectionnait tant. Nous vous présenterons deux chefs-d’œuvre qui ont marqué durablement le philosophe, "Ice" de Robert Kramer et "The Other" de Robert Mulligan. Nous questionnerons la relation entre corps et territoires existentiels avec des films plus récents – notamment le magnifique "Terra in Vista" qui ouvrira ce cycle en avant-première, "La Lande" une fiction auto-produite dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et un montage d’archives couleur inédit du réseau Deligny – lors d’une soirée spéciale dédiée au concept d’écosophie en compagnie de l’anthropologue Barbara Glowczewski. Anne Querrien, sociologue et urbaniste, François Pain, cinéaste, et Isabelle Stengers, philosophe, nous ferons l’honneur de leur présence pour évoquer la transversalité et la singularité du parcours de Félix Guattari dont l’influence est plus vivante aujourd’hui que jamais.

→Samedi 8 octobre à 14h nous aurons le plaisir de nous retrouver au Pianocktail (304 rue Haute) pour une présentation de trois ouvrages de Félix Guattari récemment parus aux éditions Lignes que sont : "65 rêves de Frank Kafka", "Trialogues", "Chaosmose". La présentation est co-organisée par les librairies Par Chemins et Météores en présence d’ami·es de Guattari.

Chaosmosemedia



Expo

Basile Richon

Vernissage

Basile Richon est un artiste travaillant à la conception de machines, de dispositifs et d’installations modulaires évolutives. Nous avons la joie d’accueillir quelques-uns de ses prototypes au Nova durant nos festivités guattariennes. Ces appareillages peuvent devenir producteurs de traces et d’enregistrements qui traduisent les interactions et les mouvements avec le milieu dans lequel ils évoluent. Si ces dispositifs nous apparaissent autonomes, ils n’en demeurent pas moins machiniques, branchés sur les machines sociales, animales, désirantes et immatérielles.

→ Du 06.10 au 23.10. Vernissage le 06.10 à 19:00 en présence de Basile Richon

http://www.basilerichon.ch/

06.10 > 19:00  


Prima Nova

Terra in Vista

Giulia Angrisani & Mattia Petullà, 2022, BE, DCP, vo st fr & ang, 88

Cecilia, Armelle, Gibbo et Sisco mènent une vie libre et imprévisible, rythmée par le travail saisonnier. Affranchis de l’angoisse générée par une routine systémique, par l’uniformisation de nos sociétés du profit, les protagonistes de "Terra in vista" réinventent un quotidien nomade. Ils naviguent à vue, oui, et ne passent pas à côté de l’occasion de jouer avec la vie, cette vie douce-amère, qu’il faut tordre pour rendre belle, dans de courts moments de création, à petite échelle mais à grande envergure, à l’échelle de la révolution moléculaire de Félix Guattari. Ainsi, tout au long de ce film on assiste à un déploiement théâtral, où le réel et l’imaginaire font coalescence, simplement, magnifiquement. Cecilia chante une chanson maudite à Gibbo, elle nous lit sa poésie "Je veux juste guérir…". Et Sisco nous réveille avec une radio libre qu’il anime, "radio intime". Captée par une photographie remarquable, une image-pensée, cette vie en périphérie qui fait de la précarité une recherche, se trouve en réalité au centre de l’action pour faire changer l’état du monde.

→ Projection précédée d’une introduction à Félix Guattari par Anne Querrien, et suivie d’une discussion en présence des réalisateurs.

→(ANNULÉ) Après le film et la discussion, Happening avec Ramuntcho Matta artiste pluridisciplinaire : "Quand mon frère s’est suicidé, mon père m’a emmené chez un psy. Ce psy m’a invité à aller passer l’été dans sa clinique pour y donner des ateliers, j’avais 16 ans et ce psy s’appelait Félix Guattari". Quelques années plus tard on apercevra le philosophe danser dans le clip d’une chanson composée par Ramuntcho avec Elli Médeiros "Toi mon toit"…

06.10 > 20:00  
Gratis


Ice

Robert Kramer, 1969, US, 16mm, vo ang st fr, 130

Un des premiers films de Robert Kramer, bien que produit avec les membres du collectif Newsreel qui s’étaient rencontrés lors de la manifestation du Pentagone contre la guerre du Vietnam en 1967. Dans cette fiction d’anticipation politique, nous suivons les tribulations d’un groupe engagé dans un processus révolutionnaire de lutte armée, au niveau régional d’abord (New York) puis national. À la fois extrêmement incisif et quelque peu glaçant, on reste ébahi par la maîtrise de la caméra et de la mise en scène. Par ailleurs, on ne peut s’empêcher de penser ici aux circonstances des Années de plomb en Italie et en Allemagne, dans le sillage des années 60, avec lesquelles Guattari était aux prises. Que Kramer et lui deviennent amis et écrivent un scénario ensemble s’impose comme une évidence lorsqu’on aperçoit dans le film ce mantra constructiviste  : "Personne ne vous donne l’avenir, nous le faisons ensemble. Il n’y a pas de plans ou de modèles."

+ Goldman crash

Etienne Caire, 2018, FR, 16mm, sans dial, 8

07.10 > 19:00 + 23.10 > 17:00
6€ / 4€


Ciné-conférence

Dans les traces de Barbara Glowczewski

Écosophie

"La crise écologique renvoie à une crise plus générale du social, du politique et de l’existentiel. Ce qui se trouve mis en cause ici, c’est une sorte de révolution des mentalités, afin qu’elles cessent de cautionner un certain type de développement fondé sur un productivisme ayant perdu toute finalité humaine". C’est à partir de ce constat que Félix Guattari élabore en 1989 le concept d’écosophie dans "Les trois écologies". Cette séance se donne pour objectif de mettre en lumière la force actuelle de ce concept qui nous invite à relier l’écologie environnementale aux champs plus vastes du social et du mental. Elle puise l’inspiration dans des initiatives et des expériences qui nous relient à la terre, que ce soit en terme de lutte autochtone ou de réactualisation de savoirs. Nous cheminerons avec Barbara Glowczewski, complice de ce programme consacré à l’écosophie. Ethnologue, chercheuse en anthropologie sociale et activiste, autrice de nombreux ouvrages dont le dernier en date "Réveiller les esprits de la Terre", elle évoquera sa rencontre avec le philosophe, leurs échanges à partir de sa thèse sur les aborigènes Warlpiri d’Australie, et comment ses travaux furent incorporés dans l’élaboration de cartographies schizo-analytiques. Avec des films de jeunesse de facture expérimentale, nous plongerons dans le parcours insolite de celle qui pratique une anthropologie indisciplinée et réticulaire. Des lignes d’erre de Deligny aux territoires existentiels qui s’incarnent dans les ZAD, en passant par les archives Warlpiri de Barbara, les rituels thérapeutiques de N’Doep, et quelques surprises visuelles et sonores, cette séance participera, on l’espère, à régénérer notre subjectivité pour mieux défendre tout ce qui vit sur Terre.

08.10 > 17:00  
6€ / 4€


Film + rencontre

La caméra bigle

Montage d’archives du réseau Deligny

Martín Molina & Marina Vidal-Naquet, 2021, FR, super8 > video, sans dial, 42

Entre Félix Guattari et Fernand Deligny, les liens sont étroits depuis l’arrivée à La Borde de ce dernier en 1965. Ensemble, ils organisent des projections et militent contre la guerre du Vietnam. C’est là qu’est confié à Deligny par ses parents, Janmari, un enfant autiste-mutique. En 1968, Deligny quitte la Clinique et descend dans les Cévennes par l’entremise de Guattari qui venait d’y acheter une grande maison investie par des militant.es. C’est le point de départ d’un réseau d’accueil d’enfants mutiques hors des balises institutionnelles. Les images en super 8 présentées ici se faisaient à destination des parents pour leur donner à voir les conditions d’existence qui avaient cours dans le réseau. Dans l’immense poésie des gestes, des trajets et de l’émoi, nous retrouvons la pensée foisonnante de Deligny à propos du cinéma. Notons que trois numéros de la revue "Recherches" sont dédiés à la "tentative des Cévennes" et au travail des cartes de lignes d’erre inspiratrices du fameux "rhizome", c’est dire les branchements entre ces deux-là.

→ Projection suivie d’une rencontre avec Martín Molina.

08.10 > 20:00  
4€ / 3€


Michel D, 2022, FR, video, vo fr , 90

"La Lande" est un objet étrange, drôlatique et surprenant, d’autant plus qu’il fut tourné entre 2017 et 2022 sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avec pour seule fin une certaine dose de plaisir. Le synopsis – comme une énigme à la David Lynch, d’ailleurs cité en référence – est le suivant  : "Très peu de gens connaissent l’existence de la Lande. Encore moins la trouvent… Et pourtant, elle n’est pas cachée". Son réalisateur nous avertit que le film est "une fiction qui ne cherche pas à représenter la ZAD. Il ne porte pas de propos politiques particuliers". L’intrigue nous tiendra néanmoins sur ces lieux aujourd’hui considérés comme le théâtre d’une des grandes "victoires" politiques et populaires de ces dernières décennies, à savoir le soulèvement contre la construction d’un aéroport international. Guattari parlait de "prise de terre" à propos des luttes à venir. Nous sillonnerons donc ces landes marécageuses où s’agite un peuple mutant et insolite.

→ Projection suivie d’une rencontre avec le réalisateur.

08.10 > 22:00  
6€ / 4€


Film + rencontre

La Machine Félix

Pour cette séance singulière nous aurons la chance d’être en présence d’Anne Querrien, Isabelle Stengers (philosophe), Barbara Glowczewski (anthropologue) et François Pain (cinéaste), tous·tes ayant côtoyé la personne et la pensée de Guattari en grande proximité. Nous tenterons de revenir sur la transversalité de son itinéraire avec une panoplie de courts métrages et d’extraits sonores et vidéos où nous pourrons sentir sa pratique, sa parole et ses analyses aussi bien à Vincennes, à La Borde, à la radio ou auprès de son entourage. Nous discuterons de ses multiples expériences de groupes, que ce soit par la Psychothérapie Institutionnelle, avec Gilles Deleuze, ainsi qu’avec la revue "Recherches" et le Centre d’études, de recherches et de formation institutionnelles (CERFI) qui fut essentiel après 1968 pour lui et bien d’autres. Dans un film de François Pain, il confie sur le divan  : "je me suis guéri par mes histoires de groupes ... enfin pas totalement".

+ D’une machine à l’autre, un même flux

François Pain, 2019, video, vo fr st ang, 18

François Pain nous offre une très belle composition à partir d’images d’archives de l’Hôpital de Saint-Alban et de la Clinique de La Borde qu’il fait résonner avec les propos de Guattari, couvert d’une étoffe, sur le divan, auprès de Danielle Sivadon, se laissant aller à associer librement des bribes de son parcours. C’est l’occasion d’évoquer l’importance qu’ont eu François Tosquelles, Jean Oury et les pratiques militantes. Document précieux et juste, nous montrant le penseur génial qu’une certaine mélancolie guette inextricablement.

→ Anne Querrien est en grande partie à l’initiative des festivités guattariennes de cet automne. Elle sera présente tout au long de cette programmation. Sociologue et urbaniste de formation, elle devient au début des années 70 secrétaire général du CERFI (créé par Guattari). Elle enseigne à Paris VIII et Paris I, et participe à la rédaction des revues "Les Annales de la recherche urbaine", "Chimères" et "Multitudes".

09.10 > 17:00  
6€ / 4€


Films + rencontre

Min Tanaka, La Borde - Tokyo

Joséphine Guattari & François Pain, 2002, FR, video, vo ja st fr, 38

En 1986, Guattari rencontre Min Tanaka initié au butô, cette danse du "corps obscur" qu’il proposera aux pensionnaires de la Clinique de La Borde. Quinze ans plus tard, François Pain donne la parole au Japonais qui relate cette expérience chaosmique où se mêlent devenir-humain, -animal, -minéral -végétal, -enfant, -vieillard, -fou, -mendiant ; ainsi que son contact avec Félix qui "en réalité n’existe plus, mais le danseur redonne vie aux gens disparus".

+ Le cahier vert

François Pain, 1980, FR, video, vo fr , 20

Pérégrinations intérieures après une dispute de couple, déambulation dans la ville pour juguler l’émotion du conflit, effleurement politique, paranoïa, "mieux vaut ne pas trop en dire, même dans la tête". Cet essai d’art vidéo est construit autour d’un texte écrit par Félix Guattari, une histoire intime, qui travaille la subjectivité dans un dialogue fictif, la fameuse ritournelle lancée par l’inconscient machinique.

→ Discussion après les films en présence du cinéaste François Pain co-fondateur de la Fédération des Radios Libres non commerciales (1978), il travaille à la Clinique de La Borde de 1965 à 1972 où il rencontre Deligny, Guattari et les causes défendues là-bas : le Vietnam, le droit à l’avortement. Il est aussi un proche de Jean-Pierre Beauviala, inventeur, entre autres, de la caméra La Paluche.

09.10 > 20:00  
6€ / 4€


Robert Mulligan, 1972, US, DCP, vo ang st fr, 108

Été 1935, les couleurs sont vives dans le petit hameau bucolique du Connecticut qui abrite la ferme de la famille Perry. Miles et Holland, deux jumeaux fusionnels débordant d’énergie, passent leur temps à jouer ensemble même si leur personnalité les oppose. Miles, toujours avenant et candide, est sous l’influence de son frère, sarcastique et sournois. Ida, leur vénérable grand-mère, pressentant la clairvoyance médiumnique de Miles, l’initie "au grand jeu" qui consiste à le faire entrer dans la peau d’un autre, humain ou animal et à décrire ce qu’il vaut. Quand les drames à répétition frappent la famille et son voisinage, le cours de l’histoire prend une tournure glaçante et nihiliste… Mené par une mise en scène et un jeu d’acteur magistral, "The Other" a été largement sous-estimé à l’époque où il est sorti, sauf peut-être par Félix Guattari, littéralement fasciné par ce film. Sur grand écran au Nova, une occasion à ne pas manquer !

→Film introduit par François Pain le 9.10

30.09 > 22:00 + 09.10 > 22:00
6€ / 4€


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