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Andrea Luka Zimmerman

Son nom trahit ses origines allemandes mais cela fait depuis de nombreuses années qu’Andrea Luka Zimmerman s’est installée en Angleterre. Artiste, cinéaste, activiste, elle a trouvé à Londres le terrain propice pour y observer une multiplicité de vécus, de luttes et d’expérimentations citoyennes qui sont à la base de son travail de cinéaste. C’est dans cette matière qu’elle trouve l’inspiration pour élaborer des films questionnant les relations que l’être humain entretient avec son environnement proche, souvent urbain, et plus largement les schémas sociétaux qui conditionnent les actions individuelles. Malgré des questionnements complexes et difficiles à traduire visuellement, Zimmerman plonge au cœur de ses sujets avec une aisance formelle qui lui est propre. Son cinéma fait preuve d’un réel désir de recherche tant au niveau visuel que textuel, aboutissant à des formes de narration souvent hybrides, quelques fois proches d’une sorte de poésie urbaine. Nous avions déjà programmé "Here for Life" de cette artiste atypique et engagée. Le focus que nous lui dédions cette fois-ci permettra de découvrir quelques-uns de ses autres films (sous-titrés en français pour l’occasion) et surtout de mettre en avant "Wayfairing Stranger", son tout dernier opus. (À noter qu’un coffret de ses films vient d’être édité ; il sera en vente au Nova).

→ En présence d’A. Zimmerman les 18.01, 19.01 et 09.02.



Andrea Luka Zimmerman, 2024, GB-GB, 16mm > video, vo ang st fr, 70

Dernier opus de Andrea Zimmerman, "Wayfairing Stranger" met en scène sept personnages féminins en errance dans des espaces ouverts et que l’on présume en fuite des enclaves urbaines. Chacune trace son chemin dans une succession de paysages qui évoluent, en sept phases, de la ville aux friches industrielles, de la forêt à la mer. Ces espaces liminaires accentuent le sentiment que ces femmes sont dans une quête vers un ’absolu’, qui pourrait n’être autre que le désir de retrouver une place dans un écosystème qui s’est progressivement érodé... On aura essayé de coller des mots pour introduire ce film mais il échappe à toute mainmise ! Car il s’agit d’un film inconditionnellement libre, un voyage cinématographique captivant, tourné en 16mm par Zimmerman elle-même. L’absence de dialogues est comblée par la bande-son signée Chris Watson, connu pour son travail dans le domaine du "field recording" (et membre fondateur du groupe Cabaret Voltaire, soit dit en passant), qui rajoute une dimension sensorielle supplémentaire aux cheminements de ces femmes et aux transitions topographiques. Le film se clôt sur une longue scène avec la poétesse et écrivaine américaine Eileen Myles. Un film ovni à nul autre pareil.

18.01 > 21:00   + 24.01 > 21:00 + 01.02 > 19:00 + 16.02 > 21:00 + 20.02 > 19:00
7€ / 4€ / 10€


Andrea Luka Zimmerman, 2003, GB, vo ang st fr, 83

Ce film retrace la lente mise à mort d’un important complexe de logements sociaux dans l’est de Londres. Zimmerman y avait vécu pendant 17 ans jusqu’au jour où, en 2007, les autorités communales décidèrent qu’une grande partie des appartements devaient être démolis. Pendant sept ans, la cinéaste filme, avec bienveillance et justesse, les habitant.e.s de cette cité, pour la plupart des personnes fauchées et marginalisées par la société, et la graduelle fermeture des appartements avec des bardages anti-squat. La durée du tournage a permis à Zimmerman d’expérimenter différentes formes de récit. Le résultat est une hybridation singulière qui mélange documentaire, reconstitutions historiques, courtes mises en scène jouées par les habitant.e.s et interventions dans l’espace public. Tourné avec la participation de toute une communauté, le film raconte de "l’intérieur" le sentiment d’injustice et d’impuissance vécu par des gens en porte-à-faux avec les logiques capitalistes, qui refaçonnent l’espace urbain et la manière dont s’y inscrivent les relations humaines. Depuis, les logements sociaux ont été remplacés par des copropriétés sécurisées... A l’époque de sa sortie, le film fut sélectionné pour les Grierson Awards.

18.01 > 19:00  
7€ / 4€ / 10€


Andrea Luka Zimmerman, 2020, GB-GB, DCP, vo ang st fr, 49

En Angleterre, la façon de parler la langue anglaise, son accent et ses intonations sont de puissants marqueurs sociaux. Dans "Art Class", Andrea Zimmerman questionne les corrélations entre l’accessibilité au monde artistique et l’appartenance à une classe sociale. Avec brio, un sacré aplomb et beaucoup d’humour, la cinéaste nous provoque au travers de ce film qui prend la forme d’une conférence-performance ludique. Elle y mélange des extraits de ses films, quelques déclarations personnelles, des interviews avec des invités, des exercices d’arts martiaux, etc. Zimmerman n’y va pas par quatre chemins et nous glisse quelques saillies bien senties !

+ Civil Rites

Andrea Luka Zimmerman, 2017, GB-GB, DCP, vo ang st fr, 27

Invitée pour une résidence à Newcastle, dans le nord de l’Angleterre, Andrea Zimmerman découvre l’existence d’un événement en partie oublié et pourtant pas si banal pour la ville. En 1967, Martin Luther King y prononça un discours d’acceptation pour un titre honorifique décerné par l’Université de Newcastle où il condamnait les préjugés, la pauvreté, les guerres... Ce discours de M. L. King déclenche chez la cinéaste le désir de se mettre à la recherche de ces lieux qui ont marqué l’histoire militante de la ville. En découle un ciné-poème qui, avec finesse et lucidité, explore la caducité de la mémoire urbaine.

19.01 > 17:00  
7€ / 4€ / 10€


Andrea Luka Zimmerman, 2013, GB-GB, DCP, ang st fr, 66

Le point de départ pour "Taskafa, Stories of the Street" (Taskafa, histoires de la rue) ce sont les chiens errants d’Istanbul que les autorités publiques essayent, depuis des années et par tous les moyens, de réduire en nombre, voire de faire disparaître. Pourtant, les habitant.e.s d’Istanbul sont foncièrement attaché.e.s à ces animaux qui font finalement partie de leur quotidien. Arpentant jour et nuit les rues de la ville, Andrea Zimmerman enregistre des souvenirs et des bribes d’histoires que les habitant.e.s veulent bien lui raconter à propos de ces chiens qu’ils/elles côtoient dans leur environnement. En arrière-fond, on perçoit qu’Istanbul, comme nombre d’autres villes, est en train de se transformer et se gentrifier. L’errance de la réalisatrice dans les rues et les places d’Istanbul est ponctuée par des extraits du livre "King" de l’essayiste et écrivain John Berger (qui prête ici sa voix). Au fil de la déambulation, un propos se dessine : ces animaux qui errent dans la ville symbolisent, d’une manière singulièrement révélatrice, toutes ces populations en situation précaire que l’on tend à vouloir invisibiliser.

19.01 > 19:00  
7€ / 4€ / 10€


Andra Luka Zimmerman, 2017, GB-GB, vo, 88

Probablement le film le plus ouvertement politique de Andrea Zimmerman, "Erase and Forget" tourne autour de la figure de James Gordon Bo Gritz, le vétéran le plus "médaillé" de la guerre du Vietnam. Personnage controversé, entre autres pour son soutien à des groupes suprématistes, devenu par la suite activiste anti-guerre, il a un parcours de vie romanesque (il se porte candidat aux élections présidentielles US de 1992 !) qui a inspiré plusieurs personnages de films, comme le Colonel Kurtz dans "Apocalypse Now" et "Rambo"... C’est dans le désert du Nevada, où à une certaine époque il entraîna des Moudjahidines afghans, que commence l’audacieux film de Andrea Zimmerman. Tout en se focalisant sur "Bo", la réalisatrice dresse le tableau d’une nation en crise, profondément désillusionnée à l’égard de sa propre classe dirigeante. Tourné sur une période de dix ans, "Erase and Forget" mélange d’étonnantes images d’archive (certaines totalement inédites), des interviews, des scènes issues de films d’actions rejouées par"Bo". Le film propose une lecture multicouche des liens pervers qui peuvent exister entre Hollywood, les médias et plus largement la société américaine, et les logiques militaristes qui entretiennent le culte de la violence. Au vu de l’actualité récente, un film à voir à tout prix !

19.01 > 21:00  
7€ / 4€ / 10€


Andrea Luka Zimmerman, vo ang

La première fois qu’Andrea Zimmerman s’est rendue en Palestine, c’était sur invitation de l’écrivaine Adania Shibli pour participer au Ramallah Doc, un événement qui soutient la création documentaire en Palestine. S’en est suivie une résidence, toujours à Ramallah, lors de laquelle Zimmerman a participé et organisé des ateliers, entamé des recherches, tissé des liens et commencé à filmer. La résidence, à l’issue de laquelle la cinéaste pensait réaliser un film-essai, devait s’étaler sur quatre ans mais la guerre a éclaté... Andrea Zimmerman nous partagera et commentera une partie de la matière déjà filmée.

09.02 > 18:30  
Gratis


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