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Salle

Qui franchit pour la première fois l’entrée du Nova peut sursauter à la vue de l’état des lieux. Certains osent un cri stupéfait ; à d’autres il arrive de risquer timidement : "c’est encore en chantier ?". Mais bien qu’il ne reste rien des parures et décorations d’époque, ni de l’installation cinématographique originale, la salle du n°3 rue d’Arenberg n’a rien perdu de son charme... Le "non-habillage esthétique" du Nova est d’ailleurs délibéré. C’est un choix qui laisse visibles incohérences architecturales et traces d’un siècle d’histoire mouvementée.

Bâtie à la fin du 19e siècle, il s’agissait d’une coquette salle de 390 places avec gradins, scène, grands rideaux, à laquelle on avait ajouté une fosse d’orchestre. Coincé entre plusieurs tavernes, théâtres, salles de spectacles et de concerts aujourd’hui disparus, ce cabaret pourvu de l’un des plus beaux orgues de Bruxelles devint théâtre de vaudevilles. Il répondit successivement aux noms de Maison du Rire (1907), Cinéma Mondain (1908), Théâtre du Bois Sacré (1911) et Théâtre des Capucines (1919), avant d’être transformé en 1935 (on mit les toilettes à la place des loges, la cabine de projection au sommet du balcon...) pour devenir un cinéma aux proportions intimistes, à l’atmosphère sobre et au décor raffiné ; conçu à l’opposé des salles barnumesques aux décorations excessives préparant à l’usage de films et de clientèle de série.

Dans les premières années, le Studio Arenberg est un cinéma un peu huppé se consacrant plutôt aux films américains les plus novateurs. Il deviendra par la suite l’une des rares salles bruxelloises faisant la part belle à un cinéma qui n’est pas de grande consommation, aux premiers films, aux cinéastes non reconnus, aux oeuvres dites marginales.
Animé successivement par un ingénieur fou, un critique de cinéma, un chanoine communiste, jumelé un moment avec un bistrot de la rue des Bouchers, le Studio faillit devenir dans les années 60 un club pour officiers de l’OTAN. Il évita de justesse cette catastrophe pour être repris par un distributeur de films, également gérant des salles Twins au Passage 44. Les caves sont alors agrandies pour y installer un "club de cinéphiles", soit une buvette où sont organisées rencontres et débats avec des réalisateurs. Moins de vingt ans plus tard il est enfin repris par Cinélibre, également distributeur de films qui géra également le Cinéma des Galeries-Arenberg. En 1977 la grande salle ne compte plus que 160 sièges, et le balcon disparaît pour laisser place à une seconde salle de 70 places, ce qui permet de prolonger les films à l’affiche.

Après l’acquisition du bâtiment par la KredietBank, le bail de Cinélibre n’est pas réengagé. Le 28 mai 1987, la salle de cinéma de la rue d’Arenberg doit fermer ses portes. Elle est alors totalement démantelée, remettant involontairement à jour la fosse d’orchestre et le balcon originaux. Mais au lieu d’être réaffectée à des bureaux, son nouveau propriétaire change ses plans et ne l’utilise que pour entreposer de vieux meubles !
Au terme de ces 10 années de gâchis, la KB consentit pour la création du Nova à signer une convention d’occupation précaire des lieux. La salle fut réaménagée et rééquipée en quelques semaines à peine. Le Nova en a disposé gratuitement jusque fin 2000. Quelques loyers et trois changements de propriétaire plus tard, il est toujours dans les murs !

La salle de cinéma est à la fois intime et dotée de dimensions spacieuses, d’un balcon et même d’une petite fosse-à-orchestre recouvrable qui mettent en valeur son large écran (environ 4,5 m x 8,5 m). Elle possède 200 places assises et est équipée pour les projections 35mm, 16mm, Super 8 et vidéos, ainsi que d’une installation sonore Dolby SR. En dessous de la salle, on retrouve le foyer, propice aux rencontres et discussions, et accueillant invariablement des expositions, des installations, des fêtes, etc. Enfin, toujours au sous-sol, une pièce modulable vient compléter la polyvalence pluridisciplinaire du Nova.