Sogo Ishii est certainement l’une des figures les plus influentes du cinéma contemporain japonais. Son parcours atypique dans une industrie du cinéma encore très rigide fut exemplaire pour des futurs grands noms de la même génération comme Kiyoshi Kurosawa, Shinya Tsukamoto ou Takashi Miike. Bien avant d’être reconnu dans les circuits internationaux pour des films comme "Angel Dust", "Labyrinth of Dreams" ou "Gojoe", Ishii faisait ses premiers essais cinématographiques dans la scène punk de Fukuoka, dans le sud du Japon. Il échangea vite sa guitare contre une caméra super 8 et commença une chronique visuelle de cette scène effervescente, filmant avec l’efficacité et la frénésie d’un guitariste punk. Ses premiers films sont réellement précurseurs, annonçant ce que seront ceux de Tsukamoto ou Miike et anticipant aussi sur la culture du videoclip qui se développera dans la décénie suivante.
Agé d’à peine 19 ans, il tourne son premier film de fiction en super 8 : "Panic High School", puis se lance dans des projets plus ambitieux, gardant toujours un pied dans les garages où il filme les concerts de ses potes qu’il utilise comme acteurs dans ses fictions. Il use la scène punk jusqu’à ses derniers souffles, puis s’ecarte de l’esthétique et du milieu underground, peut-être parce que d’autres comme Tsukamoto ou encore Kei Fujiwara avec "Organ" (voir avant-premières) commencent à faire la même chose. La transition se fera alors avec "Crazy Family" en 1984, sorte de "Visitor Q" 17 ans avant, classique dans la forme mais encore bien punk dans l’esprit ! Il tourne très peu entre 1986 et 1994, puis revient avec un "Angel Dust" très différent qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il enchaîne plusieurs grands films mais le punk le démange et il a maintenant les moyens de faire exploser cette démangeaison dans "Electric Dragon 80,000V" en 2000, son grand retour aux sources. Il n’hésite pas à se retourner complétement et continue aujourd’hui ses expérimentations dans un autre genre, explorant les possibilités du numérique. A suivre... mais en attendant, retour sur le "punku eiga" de Sogo Ishii, avec peut-être quelques surprises...