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Nocturnes - Rednecks

Célèbre habitant du Sud des Etats-Unis, le redneck porte souvent casquette, salopette, cheveux gras et dentition approximative. Souvent, la consanguinité explique largement son aspect repoussant. Le redneck est l’ennemi juré de Rousseau, sans pour cela être le meilleur pote de Hobbes. Non, pas le tigre, l’Anglais. Il se rapproche de tout ce qu’on ne connait pas, le voisin comme le sauvage amazonien. C’est donc un sous-genre d’étranger, un barbare à barbe. Sa définition plus américaine et cinématographique se situe pour beaucoup dans "Délivrance" de Boorman. Le film, bien que surestimé, apporte il est vrai un bel exemple de redneck, celui dont on va s’occuper sur nos écrans.
Le premier exemple classique se trouve dans "2,000 Maniacs !" de H.G. Lewis. C’est donc par lui que commencera notre cycle. "Easy Rider" marque aussi le genre, puisque les rednecks tuent les héros marginaux. Ils sont alors la figure du conservatisme et de l’inculture que combat ce genre de cinéma. Un personnage récurrent dans l’histoire du cinéma US, mais avec de nouveaux vêtements. Ceux de "Délivrance" sont plus débiles et loin de toute considération politique. Ils servent un autre propos : cette fois-ci les étrangers, ces méchants citadins, ont tort, et eux sont là pour leur rappeller que le retour à la nature, c’est pas tous les jours Woodstock. Désormais, le film d’horreur, comme le film à thèse prend le redneck comme nouveau monstre ou comme témoin. On survit alors dans "The Hills Have Eyes" ou dans "Last House On The Left" comme face aux zombies de Romero. Walter Hill suit la mode et propose son "Southern Comfort" très réussi, puis Jeff Liberman sort "Just Before Dawn" dans un genre de survival très proche. Un film d’une violence extrème vient figer le petit monde du survival avec "I Spit On Your Grave", montré au Nova cette année, certains d’entre vous en frissonnent encore.
Si on voit moins de rednecks aux début des années 90, c’est en grande partie car il est remplacé petit à petit par le déséquilibré citadin, si possible serial killer. Enfin, c’est une théorie comme une autre.



"Massacre à la tronçonneuse" marque un nouveau tournant formel décisif pour le genre. De nombreux films reprennent la formule et l’approche, et curieusement, ces dix dernières années s’avèrent très riches en la matière : "The Locals", "Wrong Turn", "The House of 1000 Corpses", "Devil’s Reject", "Cabin Fever" etc, sans compter les remakes de Massacre et de "Hills have Eyes".
On constate très vite que le genre recèle des sous genres, comme le film de redneck et d’animaux (la plupart du temps, des crocodiles), comme "Death Trap" de Tobe Hopper ou "Squirms" de Liebermann. Il y a aussi le genre "redneck dans l’île", comme dans "American Gothik", ou à la limite "The Wicker Man" pour l’Europe, tout comme dans "Who Can Kill A Child", qui lui fait dans le "redneck enfant espagnol dans l’île", film unique du genre. Il y a aussi le redneck dans l’île cannibale dans "Anthropophageous", sans oublier les rednecks extra-terrestres de "Attack of the Mutants Rednecks".
Plus connu, le redneck gentil en apparence, souvent perverti par une croyance ou la religion. Des Amish craignos, si on veut. Ils sont souvent bloqués dans une époque. Ils cumulent isolation temporelle et éloignement géographique. Scénariste postmoderne et new age oblige. C’est le cas de films comme "The Village" ou "Population 436".
Comme on l’a vu pour le redneck dans l’île, le redneck tout court s’exporte bien. L’Européen comme l’Américain dit : "On aime pas beaucoup les gens comme vous par ici", et il apparaît dans de nombreuses situations. L’Europe est donc elle aussi tout à fait concernée. Fabrice du Welz en a même retrouvé en Belgique dans son "Calvaire".



Walter Hill, 1981, US, 35mm, vo, 106

Des militaires partent faire des manoeuvres dans le bayou. Première bonne idée. Et puis pour rire (humour de garnison), ils tirent à blanc sur une bande de rednecks bûcherons, trappeurs, pêcheurs, à l’humour plutôt limité. Ça dérape ensuite méchamment, et nos militaires vont pouvoir bien s’entraîner : l’ennemi ne fait pas de quartier. A l’époque de sa sortie, on a rapidement taxé le film, comme quelques autres, de pâle copie de "Delivrance". C’était prêter bien peu d’attention au savoir-faire de Walter Hill, qui fait ici plus que copier Boorman. Le propos du film diffère de son prétendu modèle. Il utilise son décor à bon escient, conserve son rythme propre, la traque invisble devient vite source d’angoisse. Rarement montré au cinéma de par sa réputation injustifiée, il est intéressant de le revoir à la lumière du parcours cinématographique de Walter Hill.

14.09 > 22:00 + 05.10 > 24:00


Herschell Gordon Lewis, 1964, US, 35mm, vo, 87

Après son étonnant "Blood Feast", que l’on considère comme le premier film gore de l’histoire, H.G. Lewis revient avec "2,000 Maniacs !". Parodie plus ou moins avouée du Brigadoon de Minnelli, il use du mythe du village où l’on arrive, que l’on quitte avec difficulté et qu’on ne peut retrouver. Mais les habitants de ce petit village sont moins charmants que Cyd Charisse. Ils veulent faire payer à des yankees la perte de leur village de sudistes pendant la guerre civile. Ils inventent de petits jeux mortels exquis, jouent du bluegrass, sans oublier de rigoler un bon coup. Le tout dans une ambiance mi-inquiétante, mi-cartoonesque. Le film fit grand bruit à l’époque et divise toujours les spectateurs. Il reste que "2,000 Maniacs !" est un pur moment jubilatoire, qui a inspiré de nombreux films et vaut bien mieux que son pâle remake de l’année dernière.

14.09 > 24:00 + 05.10 > 22:00


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