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Hungaro #3

Passer les frontières, aller voir ce qui se passe ailleurs, le cinéma nous offre un ticket pour Budapest, on embarque dans le cargo Nova pour un voyage déjanté au cœur de l’Europe centrale. Avant d’en dire plus, signalons que nos amis et voisins de l’Institut culturel Hongrois, situé à quelques centaines de mètres du Nova et qui offre (au sens propre) au public bruxellois une programmation foisonnante, nous préparent quelques surprises en lien avec ce troisième volet Hungaro. Mais revenons-y... Budapest a quelque chose d’une diva, qui prend le voyageur de passage au dépourvu. Baroque et pessimiste, gorgée de son Danube bleu, courant d’air et lumière portuaire, son histoire, tumultueuse mais exaltante, fait d’elle une ville aussi complexe que ses habitants. Péter Forgács, notre invité pendant deux soirées, nous fera revivre l’intensité de ces moments du passé au travers de plusieurs de ses films, véritables poèmes sonores et visuels. Budapest l’étrangère, comme la qualifient les Hongrois eux-mêmes, a été occupée par les Turcs, puis par la dynastie habsbourgeoise plusieurs siècles durant. Les premiers à y reparler massivement le hongrois furent les Juifs. D’où peut-être cette spécificité remarquable de leur intégration dans la capitale. Le "Zsidónegyed" (quartier juif) fait partie de ses joyaux, un joyau vivant et grouillant, dont le cœur n’a jamais cessé de battre, mais aussi un joyau menacé par la frénésie de la spéculation immobilière difficilement contrôlable par les pouvoirs publics. Anna Perczel, urbaniste engagée dans la sauvegarde du patrimoine de ce quartier et auteur du livre "Héritage non-protégé", viendra, films à l’appui, nous parler de ces combats. D’une minorité l’autre (on est en Europe de l’Est, ne l’oublions pas), celle des gitans, concentrés dans un quartier que nous visiterons avec le film d’András Salamon "Les gens de la ville". Dans un autre registre, le film "Kolorlokál" de János Domokos nous emmènera à la rencontre des noctambules par le biais de la radio "Tilos", la plus connue des stations de radio communautaires en Hongrie, qui pour l’occasion nous concoctera un programme retransmis en direct dans le bar du Nova. Et puisqu’il est aussi question de musique pour mieux cerner l’âme de cette ville, nous avons choisi de vous présenter en concert le groupe Csermanek Lakótelep qui, du cœur de la cité nous fera passer la frontière underground de la circonférence, avec son "Punk-Casio-Pop" délicieusement mélodieux. En filiation, Miklós Erhardt, artiste plasticiens, cinéaste-philosophe, amoureux de la pensée de Guy Debord, nous entraînera dans des couches moins prestigieuses, avec deux films qui témoignent d’une approche marginale, pour comprendre ceux que la capitale a laissé pour compte. Ce n’est pas tout, mais la place manque sur ces quelques pages pour être exhaustif. Une dernière chose : Miklós Jancsó, András Szirtes et les frères Buharov, ça vous dit quelque chose ? Certainement si vous êtes des habitués du Nova. Incontournables, ils nous reviennent !

http://www.hungarianculture.be



Pour cette expo nous avons demandé à plusieurs des cinéastes et invités de nous donner quelques une de leurs propres productions : c’est donc un choix de photos par des habitants et visiteurs de Budapest sur leur ville que le Nova a sélectionné et vous présente dans son foyer. A ces quelques photos s’ajouteront les travaux de Nandor Hevesi, qu’on connait mieux sous le nom de Ivan Buharov, réalisateur d’un des films projetés.

22.01 > 15.02

22.01 > 19:00


Péter Forgács est un artiste vidéaste, sociologue de formation, influencé par le mouvement d’art conceptuel dans les années 70. Il a créé à Budapest le Fonds de photographies et de films privés, qui rassemble une collection de photographies et films sur la mémoire et l’histoire de la Hongrie du XX° siècle. L’oeuvre de Péter Forgács repose presque entièrement sur l’exploration du film amateur. Forte et originale, elle entrelace l’intime et le politique, et oscille entre cinéma et arts visuels, documentaire et expérimental. Tout en respectant la valeur de témoignage des archives, Forgács exploite la beauté plastique et poétique du matériel historique. Ses films ont remporté de nombreux prix dans le monde. Il sera notre invité deux soirs durant pour nous parler de son travail. Un grand merci du Nova à nos collègues de l’Institut culturel hongrois de Bruxelles, qui ont largement contribué à rendre cette rencontre possible.

06.02 > 20:00



+ Dusi and Jenö

Péter Forgács, 1988, HU, video, vo ang , 45

"Un moment, un fragment, une bulle. Rien. Rien... et tout à la fois. Dusi se promène sur le mont Gellért, à Buda. Jenö la prend dans sa voiture. Deux véhicules de la Wehrmacht passent, une épaisse fumée s’élève des alentours de Pest, survolée par les bombardiers américains. Dusi est à la maison, pendant que Jenö croise en ville un groupe de travailleurs forcés juifs. Des gens qui seront peut-être bientôt déportés. Et là le citoyen se dit : mais qu’est-ce que c’est que ça, il faut que je filme cela. C’est là la différence importante entre le journal écrit et le film..." (P. Forgács)

+ Le journal de Mr N. [N. úr naplója]

Péter Forgács, 1990, HU, video, vo ang , 60

"Si, par chance, l’amour éternel et la guerre mondiale ne se rencontrent pas, une vie idyllique peut-être récompensée. Le film raconte l’histoire de Mr N., notre héros, et d’Ilona, sa fiancée : amour et drame scellés par l’Histoire". Nous sommes en 1938, les Nazis viennent d’occuper les Sudètes, le Traité de Trianon va être révisé, la Hongrie est sur le point de réannexer ses anciens territoires du nord. Mr N., ingénieur dans une usine d’armement, à travers l’oeil méticuleux de sa caméra 9,5mm, nous livre 30 ans de sa vie. Là, terreur, dictature et révolution, s’opposent à la tranquillité de sa vie familiale.

31.01 > 18:00 + 06.02 > 20:00


Bibó Reader

Bibó breviarum

+ Bibó reader [Bibó breviárium]

Péter Forgács, 2001, HU, video, vo ang st fr, 69

Véritable poème sonore et visuel, le film raconte la réalité du drame de la nation hongroise au XXe siècle et l’héroïsme d’un individu qui n’a jamais renoncé à sa foi en la liberté : István Bibó. En plus de morceaux choisis de l’oeuvre du grand compositeur hongrois Béla Bartók (1881-1945), Forgács a collaboré, comme pour beaucoup d’autre films, avec le compositeur Tibor Szemzö dont la musique fascinante nous fait glisser à travers l’histoire et les terres d’Europe centrale. "Bibó Reader" nous rapproche des pensées immortelles et clairvoyantes du plus grand penseur politique hongrois du XXe siècle, condamné à la perpétuité en 1956 et remis en liberté à la faveur d’une amnistie.
"Être démocrate, c’est être libéré de toutes ses peurs. Peur de ceux qui parlent une autre langue. Peur de ceux qui viennent de loin. Peur de ceux qui pensent différemment". (István Bibó)

+ Memories of a City

Peter Hutton, 1984, HU, 16mm, sans dial, 28

Des plans fixes, longs, entrecoupés de noir, rien de plus pour entendre battre le cœur de la ville. Voluptueusement grise, éculée par les coups du sort, gonflée par les âmes ardentes de ceux qu’elle héberge, Budapest apparaît comme la scène d’un drame invisible. Premier artiste d’un pays non socialiste à faire un film sous les auspices du Béla Balázs Studio, Hutton sculpte la temporalité des lieux qu’il explore. Quarante ans de voyage ont fait de lui un portraitiste majeur de villes et paysages.

22.01 > 22:00 + 07.02 > 22:00


Péter Forgács, 2005, HU, video, vo ang st fr, 84

Des films de famille d’un industriel catalan exécuté dès les premiers jours de la guerre civile en Espagne. Le journal intime d’un jeune activiste de Madrid. À partir de ces matériaux témoignant de deux expériences divergentes, Forgács propose une lecture étonnante d’un chapitre de l’histoire du XXe siècle. Une "vue de l’intérieur" où les protagonistes apparaissent avec densité et complexité. Comme toujours chez ce cinéaste, l’intime et le politique se croisent constamment. Un montage ingénieux et une trame sonore ciselée contribuent à faire de ce film une œuvre poétique sans lyrisme.

En présence du réalisateur.

07.02 > 20:00


Ma propre mort

Saját halál

Péter Forgács, 2007, HU, video, vo ang st fr, 118

Mourir n’est pas chose facile. "Ma propre mort" retrace la longue méditation d’un homme victime d’un infarctus et qui voudrait, avant d’entrer dans l’au-delà, laisser une trace brute de l’expérience qu’il est en train de vivre. Avec ce film, Forgács signe son premier long métrage de fiction sur le texte éponyme de l’écrivain et dramaturge Péter Nádas. Une unique voix off masculine, lancinante, nous narre le récit à la première personne d’un affaiblissement physique allant jusqu’à frôler la mort, accompagné par la musique de Víg Mihály, compositeur attitré de Béla Tarr. À l’image, une suite de photos fixes en noir et blanc comme dans "La jetée", de Chris Marker, avec parfois des pointes de couleur et des fragments filmés, mais montrés en ralenti ou par à-coups. C’est de la recherche à l’état pur, le film retrouve en son procédé la prosodie de "India Song" de Marguerite Duras. On avait rarement vu depuis, une telle osmose entre littérature et cinéma.

En présence du réalisateur.

06.02 > 22:00


La lanterne du seigneur à Budapest

Nekem a lámpást adott kezembe az Úr Pesten

"La lanterne du seigneur à Budapest" est une sorte de joyeux mausolée que Jancsó dresse à son intention et à celle de son scénariste préféré Gyula Hernádi. Tombeau puisqu’ils meurent tous deux sous les balles d’un mafieux chinois au tout début du film, dans un cimetière-jardin. Peu après, ils réapparaissent et suivent leur enterrement... ou celui d’un autre. Peut-on savoir avec des vieux qui ont la peau si dure ? Filmer gaiement le désespoir. Suprême élégance. Jancsó enterre là avec la complicité de deux acteurs-fossoyeurs impayables de verve impassible, tout son cinéma d’antan. Ce tourbillon passant du coq à l’âne, du cimetière à une entreprise rachetée par des margoulins, d’une réception mondaine aux préparatifs d’un suicide sur un pont du Danube, est plus proche de la commedia dell’arte que du film compassé qui lorgne vers la télévision. Au total un chef d’œuvre, mot qu’il ne faut pas employer trop souvent. Mais pour une fois qu’on peut...

+ Notre lit [A mi ágyunk]

Eva M. Tóth, 2004, HU, 35mm, sans dial, 5

Les anges en rient dans notre sommeil, toujours ces anges ! Ce rêve qu’Eva M. Tóth à nouveau nous livre emballé dans son art, exulte d’une légèreté colorée sans nom.

23.01 > 20:00 + 07.02 > 18:00


Putains, les moustiques !

Anyád a szúnyogok !

Miklós Jancsó, 1999, HU, 35mn, vo st fr, 80

Un dépôt désaffecté, quelques wagons, une cour d’immeuble et la statue de la liberté hongroise à hauteur de vue - mais oui, ils en ont une aussi ! On retrouve avec les moustiques Kapa et Pepe, les personnages déjantés de "La lanterne du Seigneur à Budapest". De nouvelles aventures foldingues où il est question de fric et de mafia. Tourné à toute vitesse avec trois sous, ce qui ressemble à un premier film a fait plisser du nez les admirateurs des grands titres des années soixante. Miklós Jancsó, du haut de ses 77 ans est ici plus jeune que jamais. L’extrême vitalité/générosité de son cinéma et sa fluidité jubilatoire, nous offre l’occasion d’oublier toutes les conventions. Gageons que la patte du maître ne vous échappera pas...

+ Le rite du carousel [Ritus Karusszel]

Péter Molnár & Zoltán Gayer, 2005, HU, 35mn, sans dial, 12

De célèbres forains arrivent d’un pays lointain pour exécuter le mystérieux rite du carrousel...

08.02 > 22:00 + 14.02 > 18:00


János Domokos, 1997, HU, video, vo st ang & fr, 54

Budapest by night. Budapest à l’aube, après les bacchanales nocturnes. 7h du mat’, les travailleurs entassés dans les bus se saluent, les marchés primeurs s’installent, les night shops alimentent les rescapés de la nuit, les clochards commentent les premières lueurs du jour. DJ Syam entame "Kolorlokal", son émission du vendredi matin sur les ondes de Tilos radio. Traduction littérale : radio interdite, elle émet de 10 heures du soir à 10 heures du matin... János Domokos qui nous a conduit, avec le film précédent, aux antipodes de la ville, construit ici une vision complexe et colorée de Budapest et de la mixité de sa population, vision portée par le rythme pulsatif de radio Tilos. Il sera parmi nous ce soir pour vous présenter ses films et nous parlera par la même occasion de la condition de cinéaste documentaire en Hongrie.

+ La veuve [Özvegy]

János Domokos, 2007, HU, video, sans dial, 21

La veuve va a son rythme, mais elle va quand même. Elle prépare méticuleusement le marché du dimanche, où elle se rendra pour vendre tout ce qui est vendable dans sa maison. On explore donc en premier lieu l’antre de l’octogénaire, là où le temps s’est figé à l’époque de la photo la plus récente accrochée au mur, c’est à dire quelques 40 ans auparavant. Avec sa veuve, János Domokos nous fait découvrir un petit coin de Transylvanie, qui fut jadis, terre magyare. Là, rien n’a changé, ou presque...

En présence du réalisateur.

+ Émission spéciale en direct de radio Tilos au bar du Nova.
On se rapproche un peu plus de Budapest avec ce programme de trois heures, de 22h à 01h, dédié au Nova par la première radio communautaire créée en Hongrie. Radio culte désormais indissociable de Budapest et de ses habitants qui entretient un rapport tout particulier avec ses auditeurs : "Radio Tilos occupe toujours, après 13 ans d’existence, une niche vide, elle est progressiste dans le sens où elle aspire à adapter et développer un modèle de média collectif non-lucratif. Sa structure, son fonctionnement, son mode de financement, ses principes et ses valeurs sont uniques en Hongrie."
http://tilos.hu/index.php?page_id=inter_francais

24.01 > 20:00


Fille d’exilé, Olga Baillif plonge, avec ce documentaire, dans les méandres de son histoire familiale. Un passé censuré qu’elle explore avec une délicieuse naïveté, quoi que décadenassant au passage quelques secrets bien gardés. Un passé qui nous mène tout droit au pays magyar de ses aïeux. Là où Budapest nous attend à nouveau pour un bout d’Histoire. Olga récolte les petites choses qui accrochent son regard et font résonner la mémoire collective. Et elle se demande, tout simplement, ce qui se passe quand on quitte le lieu de ses origines, de la rupture, les transformations. Notons que ce beau film a été produit ici à Bruxelles par nos amis de Cobra films.

+ Et in arcadia ego

Eva M. Tóth, 1999, HU, 35mm, sans dial, 6

Plus baroque encore que tous les autres films d’Eva M. Tóth qui parsèment notre programmation hungaro, "Et in arcadia ego" laisse place au dessin en atténuant le côté animation de motifs. Dessins qui forment le puzzle d’une aventure étrange et conditionnent notre pensée à résoudre des énigmes.

+ Gubera

Oláh Lehel, 2003, HU, 16mm, sans dial, 21

Une fois l’an, les habitants de Budapest se débarrassent de leur brol. Qui ramasse et quoi ? Un film tendre et décalé.

24.01 > 18:00 + 05.02 > 22:00


Les gens de la ville

Városlakók

Salamon András, 1997, HU, video, sans dial, 56

La musique tient une place prépondérante dans le société hongroise. Même au pire temps des dictatures qui se sont abattues sur le pays, cet art prolixe en terre magyare a toujours bénéficié d’un large soutien institutionnel. On en veut pour preuve le film d’Andras Salamon, dans lequel les gens de Budapest ne se présentent pas en paroles, mais en chansons. C’est plus précisément dans le 8ème arrondissement, la "Józsefváros", un quartier défavorisé, de population majoritairement gitane, que le réalisateur pose son regard. Un regard affuté par des années de prospection dans la ville, son sujet de prédilection, puisque la majorité de ses films tentent d’en cerner les différentes aspects. La vie est dure dans le Budapest que nous montre Salamon, mais Beckett l’a dit « quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne nous reste plus qu’à chanter », les hongrois le savent !

+ Le rythme de la ville [Város ritmusa]

Salamon András, 2008, HU, video, sans dial, 15

Battement cardiaque, celui de Dániel, dix ans, qui s’éveille et écoute le rythme de la ville. Ces oreilles-là sont celles d’un petit virtuose de la percussion et chaque son que génère Budapest va nourrir son inspiration. Une composition sonore rocambolesque, où le montage des images, par ailleurs très travaillées, n’est que prétexte au son qu’elles produisent. Le résultat final donne à voir un tour de ville hallucinant, qui se termine par une performance du petit Dániel, à vous couper le souffle !

24.01 > 22:00 + 31.01 > 22:00


The Triumph of Sympathy

A másik ember iránti féltés diadala

Igor & Ivan Buharov, 2005, HU, 35mm, vo st ang, 75

Les anges muent, les démons crachent, les hommes ne sont plus salués par leurs enfants, car ils se couchent en colère et se réveillent offensés. Dans "Triumph of Sympathy", les réalisateurs nous invitent à éplucher les strates d’une réalité masquée. On se souvient de la présence des frères Buharov en mars 2008, au Nova, pour la découverte de leur dernier film "Slow Mirror", à l’occasion du festival OffScreen. Devant l’enthousiasme des spectateurs face au travail expérimental de ces cinéastes hors du commun et adeptes du super 8, on ne pouvait pas, pour ce troisième volet Hungaro, se priver de vous embarquer à nouveau dans les méandres de leur univers truculent.

+ Lajka-emlék [La mémoire de Laïka]

Eva M. Tóth, 2005, HU, 35mm, sans dial, 4

Lune noire, pleine lune, les taches sont des signes, les traits des codes, mais lune, pleine lune ! S’approchant des techniques bien connues dans les labo-cinés d’artistes, et inspiré par l’oeuvre de György Kurtág, ce petit film grand par la forme, accroche notre oeil écarquillé.

25.01 > 22:00 + 14.02 > 20:00


La mort sortie de Perse

A halál kilovagolt Perzsiából

Horváth Putyi, 2005, HU, 35mm, vo st fr & ang, 90

L’écrivain rentre chez lui muni de trois litres de vin blanc achetés au troquet du coin. Le vin servira à la préparation du breuvage nécessaire à ses pérégrinations intellectuelles, un tiers de vin pour deux tiers d’eau pétillante. Au fil des verres, les déambulations de son imagination se substituent à l’angoisse de la page blanche. L’histoire qui est en train de naître dans l’esprit de l’écrivain décrit les circonvolutions de son rapport à l’alcoolisme. Le jeune protagoniste issu de sa création tente d’assumer ses excès face à l’intransigeance de sa fiancée, mais très vite une spirale de sentiments contradictoires l’entrainera vers le déni. Horváth Putyi, plus connu pour son métier d’acteur, notamment dans les films de Béla Tarr (Santango, Les harmonies de Werkmeister), réalise avec cette première production des ateliers TTFilm dirigés par Béla Tarr, une œuvre originale qui le place directement parmi les cinéastes hongrois majeurs.

+ Revelations [Jelenség]

Eva M.Tóth, 2001, HU, 35mm, sans dial, 8

Les anges ont désirés les filles de l’homme, ils leur ont enseigné la luxure. Les filles devinrent des femmes alors que la violence et le sang inondèrent la terre. Et Dieu asséna qu’il fallait détruire toutes les âmes enclines aux plaisirs interdits. Encre sur pellicule, composition allégorique et représentation emblématique nouées en spirale par une animation agile, Eva M. Tóth nous prend par la main.

31.01 > 20:00 + 15.02 > 22:00


Il avait inauguré notre premier volet "Hungaro", il y a un an exactement, en nous faisant l’honneur de sa présence pendant les deux semaines de notre programmation. Nous avions adoré sa vitalité, son humour et sa légèreté. Il nous revient donc tout naturellement avec cette belle et inédite séance expérimentale.

+ Pink roll [Rózsaszín tekercs]

András Szirtes, 1979, HU, 16mm, sans dial, 15

"Un de mes amis sculpteur me demanda un jour si je pouvais faire un film sur lui et sa fiancée. Je les ai filmés en train de danser, moitié homme, moitié femme. Cet ami m’avait confié qu’il prévoyait de quitter définitivement le pays par voie illégale. J’ai donc filmé leur dernière fête à Budapest où j’ai projeté la première partie de ce Pink Roll. Les deux parties assemblées donne à voir ce film" (A. Szirtes).

+ Funeral of Mozart [Mozart temetése]

András Szirtes, 1980, HU, 16mm, sans dial, 23

"La caméra alcoolisée déambule dans les troquets de Budapest. J’ai effectué un travail de colorisation sur la pellicule pour traduire l’état d’ivresse mêlé au flux émotionnel généré par la dictature socialiste. Le résultat est loin des grises et sombres visions qu’on a l’habitude d’imaginer pour un tel sujet, mais au contraire plein de nuances colorées d’or, d’argent et de diamants. Le titre du film découle de sa dernière image, un tableau des funérailles de Mozart, accroché dans l’un des bars, où seul le chien du compositeur accompagne le convoie mortuaire au cimetière" (A. Szirtes).

+ UFO

András Szirtes, 1987, HU, 16mm, vo ang , 58

De la période new-yorkaise de Szirtes, UFO est un voyage filmé d’avant-garde avec un clin d’oeil à "The Man Who Fell to Earth". Granuleux et langoureux, le film complète son élégance "funky" par un certain charme illettré. Les "friendly being" et leurs aventures sont ici la métaphore du choc culturel vécu par Szirtes lors de son séjour de deux ans à New York de 1985 à 1987. Comme dans tous ses films, la plastique y est magnifiquement étudiée avec pour motif principal, le rayon de lumière et sa diffraction. Le film se termine par la contemplation de la Hongrie absente d’une carte du monde, dessinée sur un rideau de douche.

En présence du réalisateur.

13.02 > 22:00


László Hudák & Miklós Erhardt, 1999, HU, video, vo st ang, 58

Les sans-abris ne sont plus regardés comme des bêtes de cirque. Ici, les clichés se fabriquent chez le spectateur, on ne les lui sert pas froids et indigestes, sur un lit de vignettes emblématiques. "Tequilla Gang" découle d’un atelier de photographie, imaginé par Miklos Erhardt et Dominic Hislop, avec des sans-abris. On demande aux participants de documenter leur vie par le biais de la photographie. Le projet a pour but de se détourner des représentations sociales habituelles en entraînant le sujet dans un processus "d’auto-documentaire".
L’un de ces sans-abris, László Hudák, prolonge l’aventure avec Miklós Erhardt, dont l’idée est de partir du même principe avec une caméra. László trouve son équipe parmi ses amis et s’enclenche ainsi un travail collectif, qui, bien que supporté techniquement par le Bela Balazs Studio, demeure entièrement indépendant, libre de toute supervision, sous l’oeil attentif de Miklos. Le montage du film a suivi l’histoire imaginée par László et mélange documentaire et fiction.

+ Havanna

Miklós Erhardt, 2006, HU, video, vo st fr, 15

Havanna est le nom d’un ensemble de 16.000 logements sociaux qui ont été construits au début des années 80 à l’est de Budapest. Ce nom avait été choisi par le comité central du Parti en commémoration du 25ème anniversaire de la révolution cubaine. Pour tenter une expérience de socialisation avec la population de ce quartier, Miklós Erhardt décide de rénover une boutique et d’y installer un bureau "de recherche et conseil". Le film raconte cette expérience.

La projection sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur. Plasticien d’origine, Miklós Erhardt axe son travail sur un champs à la fois politique, social et artistique. Il a notamment traduit les livres de Noam Chomsky et Guy Debord en hongrois.

12.02 > 20:00


Les Csermanek Lakótelep (Cité Csermanek) nous viennent de Miskolc, ville du Nord de la Hongrie et ont décidé d’en découdre avec le punk et le casio-pop dans un esprit à la Devo mais super hongrois ! Si vous ne comprenez pas cette langue, peu importe, leur humour ironique et abstrait est perceptible dans leur musique et sera accompagné de projections de leur cru. La basse et les synthés-jouets nous entraînent dans leur sillage vrombissant à travers les rues d’une cité nouvelle, à la rencontre de personnages typiques et de situations loufoques. Alors, "fonce à mort", comme le chantaient nos Tueurs de la Lune de miel nationaux dans les 80’s.

En complément de programme, dj Coeurvert vous servira son minimix electropop aux cornichons aigres-doux et autres new wave au miel.

14.02 > 22:00


+ Budapest átjáró

Film collectif IPP4, 2006, HU, video, sans dial, 21

Déambulation d’un personnage burlesque dans l’étrangeté poétique de Budapest. On découvre de nouveau paysages urbains, notamment les collines de Buda encore vierges de bâtisses, l’hippodrome, les terrains vagues, le métro... Auscultation stéthoscopique de la ville au sens propre du terme.

+ Message from Budapest

Michael Mezière & Moira Sweney, 1987, GB, 16mm, vo st fr, 15

Un hommage poétique et ironique à la ville, mêlant des séquences tournées lors des fêtes du 1er mai, ainsi que des photos d’archives du début du siècle. Impressions spontanées et réflexion politique cristallisées dans un texte presque onirique, se posent avec légèreté sur les images. Très beau travail sur la matière plastique du film, notamment avec la couleur, Message from Budapest s’approche du genre "Symphonies de ville" des années 20-30.

+ Lost World [Letünt világ]

Gyula Nemes, 2008, HU, 16mm, sans dial, 20

Tourné sur une période de neuf ans, "Lost World" accoste les berges du Danube aux portes de Budapest. Les environs du Barrage Kopaszi sont bien connus des Budapestois, pour ses lieux alternatifs qui se sont implantés durant les quelques années d’incertitude quant au plan d’aménagement de cette zone. Mais le film s’attache à ceux que le temps a fixés sur ses terres en friche depuis des décennies. À côté de la ville, nous découvrons un monde pittoresque avec ses maisons flottantes, ses cabanes arrangées, ses habitants atypiques et le triste sort de cet îlot d’anachronisme voué à la démolition.

+ Les derniers habitants [Utolsó lakók]

Péter Réti, 2007, HU, video, vo st fr, 13

Un immeuble de trois étages situé en plein centre du vieux quartier juif de Pest, qui, malgré le fait de son classement au patrimoine culturel, a été vendu par les autorités locales. Le film montre une partie de la démolition du bâtiment et le témoignage de son dernier habitant.

+ Rencontre Urbaine

Certains disent qu’au lieu de devenir une métropole d’Europe de l’Est, un centre culturel et scientifique de premier plan, Budapest s’abime, se détruit. Qu’un plan d’urbanisme global manque à la ville. En effet, l’organisation politico-administrative de Budapest compte vingt et un arrondissement, autant de féodalités qui rivalisent au sein d’un conseil municipal déchiré laissant peu de pouvoir à un maire qui doit gagner pied à pied sa légitimité. Voyons ça de plus prêt avec ce « débat urbain ». Après les changements politiques de 90, qu’en est-il des planifications, démolitions, reconstructions urbaines de la belle baroque ? Nous en discuterons, entre autres, avec Anna Perczel, urbaniste engagée dans la sauvegarde du patrimoine de certains quartiers sensibles et auteure du livre "Héritage non-protégé", Catherine Szántó paysagiste et collaboratrice d’Anna Perczel, Levente Polyák, urbaniste chercheur, Miklós Erhadt plasticien, cinéaste débat modéré par Béla Kali, ami de Bruxelles, puisqu’il y a fait des études d’architecture. On attend aussi des intervenants bruxellois qui pourront apporter leur point de vue à nos amis hongrois.

15.02 > 18:00


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