Passer les frontières, aller voir ce qui se passe ailleurs, le cinéma nous offre un ticket pour Budapest, on embarque dans le cargo Nova pour un voyage déjanté au cœur de l’Europe centrale. Avant d’en dire plus, signalons que nos amis et voisins de l’Institut culturel Hongrois, situé à quelques centaines de mètres du Nova et qui offre (au sens propre) au public bruxellois une programmation foisonnante, nous préparent quelques surprises en lien avec ce troisième volet Hungaro. Mais revenons-y... Budapest a quelque chose d’une diva, qui prend le voyageur de passage au dépourvu. Baroque et pessimiste, gorgée de son Danube bleu, courant d’air et lumière portuaire, son histoire, tumultueuse mais exaltante, fait d’elle une ville aussi complexe que ses habitants. Péter Forgács, notre invité pendant deux soirées, nous fera revivre l’intensité de ces moments du passé au travers de plusieurs de ses films, véritables poèmes sonores et visuels. Budapest l’étrangère, comme la qualifient les Hongrois eux-mêmes, a été occupée par les Turcs, puis par la dynastie habsbourgeoise plusieurs siècles durant. Les premiers à y reparler massivement le hongrois furent les Juifs. D’où peut-être cette spécificité remarquable de leur intégration dans la capitale. Le "Zsidónegyed" (quartier juif) fait partie de ses joyaux, un joyau vivant et grouillant, dont le cœur n’a jamais cessé de battre, mais aussi un joyau menacé par la frénésie de la spéculation immobilière difficilement contrôlable par les pouvoirs publics. Anna Perczel, urbaniste engagée dans la sauvegarde du patrimoine de ce quartier et auteur du livre "Héritage non-protégé", viendra, films à l’appui, nous parler de ces combats. D’une minorité l’autre (on est en Europe de l’Est, ne l’oublions pas), celle des gitans, concentrés dans un quartier que nous visiterons avec le film d’András Salamon "Les gens de la ville". Dans un autre registre, le film "Kolorlokál" de János Domokos nous emmènera à la rencontre des noctambules par le biais de la radio "Tilos", la plus connue des stations de radio communautaires en Hongrie, qui pour l’occasion nous concoctera un programme retransmis en direct dans le bar du Nova. Et puisqu’il est aussi question de musique pour mieux cerner l’âme de cette ville, nous avons choisi de vous présenter en concert le groupe Csermanek Lakótelep qui, du cœur de la cité nous fera passer la frontière underground de la circonférence, avec son "Punk-Casio-Pop" délicieusement mélodieux. En filiation, Miklós Erhardt, artiste plasticiens, cinéaste-philosophe, amoureux de la pensée de Guy Debord, nous entraînera dans des couches moins prestigieuses, avec deux films qui témoignent d’une approche marginale, pour comprendre ceux que la capitale a laissé pour compte. Ce n’est pas tout, mais la place manque sur ces quelques pages pour être exhaustif. Une dernière chose : Miklós Jancsó, András Szirtes et les frères Buharov, ça vous dit quelque chose ? Certainement si vous êtes des habitués du Nova. Incontournables, ils nous reviennent !