• Film :
+ Qui prier pour oublier ?
Ekin Ercan, 2007, BE, video, vo fr , 46’
A travers le récit de trois "enfants de homes", anciens détenus de longues peines, ce film balaye le fonctionnement de la machine à enfermer. Dans un contexte où les problèmes sociétaux sont transformés en cas individuels, il refuse de parler en termes de cas personnels pour s’attacher aux parcours typiques dont ils peuvent témoigner. Même dehors, Marcus, Jean-Marc et Jean-François refusent d’oublier. L’un manifeste devant le Palais de justice lors d’un procès contre des matons, l’autre enchaîne débats et conférences... Pour eux, la prison ne sert à rien.
• Débat :
Derrière les murs, grillages et barreaux, s’offrent des espaces "libres" à toutes sortes de fantasmes sociétaux : qu’y a-t-il d’à ce point indicible en prison pour qu’on n’en parle pas ou qu’on la mette en spectacle par le petit bout de la lorgnette, à coup d’évasions, d’hélicoptères et de personnages représentés comme monstrueux ? Les "réalités" carcérales, complexes, se situent entre chape de plomb et construction de la peur ou de la terreur.
Après la projection de "Qui prier pour oublier ?", Jean-Marc et Marcus, deux des protagonistes du film, anciens détenus ayant fait le choix assez rare de continuer à parler de la prison, prolongeront leur analyse du système carcéral.
Deux autres intervenants travaillant en prison, Florence Dufaux et Cédric Tolley, donneront leurs impressions et sentiments sur les relations de domination et d’assujettissement au sein d’une institution close et totale — avec comme hypothèse que le microcosme pénitentiaire est un archétype exacerbé de la société dans laquelle nous vivons —, et partageront leur étonnement de voir à quel point l’ordre et la gestion de celui-ci repose en grande partie sur les personnes incarcérées... tout comme la production et la reproduction de la prison elle-même.