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Films & débats

• Film :

+ Qui prier pour oublier ?

Ekin Ercan, 2007, BE, video, vo fr , 46

A travers le récit de trois "enfants de homes", anciens détenus de longues peines, ce film balaye le fonctionnement de la machine à enfermer. Dans un contexte où les problèmes sociétaux sont transformés en cas individuels, il refuse de parler en termes de cas personnels pour s’attacher aux parcours typiques dont ils peuvent témoigner. Même dehors, Marcus, Jean-Marc et Jean-François refusent d’oublier. L’un manifeste devant le Palais de justice lors d’un procès contre des matons, l’autre enchaîne débats et conférences... Pour eux, la prison ne sert à rien.

• Débat :

Derrière les murs, grillages et barreaux, s’offrent des espaces "libres" à toutes sortes de fantasmes sociétaux : qu’y a-t-il d’à ce point indicible en prison pour qu’on n’en parle pas ou qu’on la mette en spectacle par le petit bout de la lorgnette, à coup d’évasions, d’hélicoptères et de personnages représentés comme monstrueux ? Les "réalités" carcérales, complexes, se situent entre chape de plomb et construction de la peur ou de la terreur.

Après la projection de "Qui prier pour oublier ?", Jean-Marc et Marcus, deux des protagonistes du film, anciens détenus ayant fait le choix assez rare de continuer à parler de la prison, prolongeront leur analyse du système carcéral.

Deux autres intervenants travaillant en prison, Florence Dufaux et Cédric Tolley, donneront leurs impressions et sentiments sur les relations de domination et d’assujettissement au sein d’une institution close et totale — avec comme hypothèse que le microcosme pénitentiaire est un archétype exacerbé de la société dans laquelle nous vivons —, et partageront leur étonnement de voir à quel point l’ordre et la gestion de celui-ci repose en grande partie sur les personnes incarcérées... tout comme la production et la reproduction de la prison elle-même.

22.11 > 18:00



° Films :

+ Lettre de prison

Patrick Ledoux, 1979, BE, 16mm, vo fr , 60

Un homme entre en prison. Quelques minutes s’écoulent entre l’entrée principale et sa cellule. Pas le temps de réaliser, la porte claque et le voilà planté là, dans une cellule de quelques m2 de béton. Laissé entre les mains de la machine carcérale, son seul lien avec l’extérieur sera une lettre... Patrick Ledoux (acteur et réalisateur qui connut lui-même la prison) nous plonge dans un huis clos étouffant, nez à nez avec un détenu (joué par Alexandre Von Sivers), qui nous donne l’impression d’y être nous-mêmes enfermés.

+ La prison

Hélène Defromont, 2007, FR-BE, video, vo fr , 5

Un film d’animation en forme de point d’interrogation, inventaire de préjugés qui invite le spectateur à s’interroger sur sa propre manière de voir la prison.

+ Débat :

La critique du système pénitentiaire, vieille de plus de deux siècles, est constante. Les problèmes rencontrés par les détenus à leur sortie de prison sont similaires, voire plus aigus qu’à leur entrée. En y ajoutant la haine, le désespoir, le désir de vengeance. La prison est un générateur permanent d’insécurité et de nouvelles victimes. Le taux de récidive est d’ailleurs bien plus faible dans les cas d’alternatives à l’enfermement.
Pourtant, lorsqu’on évoque l’abolition de la prison, c’est invariablement la même question qui revient. "Mais alors, par quoi la remplacer ?" Pour les abolitionnistes, l’heure n’est plus à revendiquer une amélioration des conditions de détention. "La réforme de la prison participe de la prison et de son amélioration", disait Michel Foucault. S’il s’agit d’une institution inhumaine et totalitaire, c’est son existence même qui doit être remise en cause. Lorsqu’on a aboli le bagne ou la peine de mort, on n’a pas cherché à les remplacer par d’autres moyens aussi cruels. Surtout, les vraies questions se situent ailleurs. Qui sont ceux qui remplissent les prisons, et pourquoi ? Que fait-on pour prévenir le passage à l’acte ? C’est toute une société qui est à repenser, dans une perspective forcément ouverte, à construire...

Discussion croisée avec Jacques Lesage de la Haye (psychologue, psychanalyste, ancien détenu et militant du Groupe Information Prisons et du Comité d’Action des Prisonniers, auteur de "La guillotine du sexe" et animateur de l’émission radio "Ras-les-murs" à Paris) et Juliette Beghin (administratrice de la Ligue belge des Droits de l’Homme, ex-directrice de l’Observatoire international des prisons et ancienne travailleuse d’un service d’aide aux détenus).

06.12 > 18:00


° Film :

+ Les prisons aussi

Hélène Châtelain & René Lefort, 1973, FR, 16mm > video, vo fr , 92

Après les révoltes en prison de 1971, le Groupe Information Prison (GIP) décide de briser le silence. A quoi sert la prison ? Que se passe-t-il à l’intérieur de ses murs ? En produisant ce film à charge sur la situation carcérale et la condition pénitentiaire — dont la réalisation est confiée à Hélène Châtelain (l’actrice de "La jetée" de Chris Marker) et René Lefort —, le GIP lève un tabou et libère la parole d’anciens détenus et d’ouvriers, mettant à jour les contradictions d’un système fondé sur l’exploitation et la répression. Une parole brute, pudique, lucide.


° Conférence-débat :

Le GIP a été créé en 1971 par, e.a., Daniel Defert, Gilles Deleuze, Jean-Marie Domenach, Michel Foucault, Danielle Rancière, Pierre Vidal-Naquet qui l’ont dissout deux ans plus tard, lorsque d’autres collectifs ont pris la relève. Le GIP est une expérience marquante et inspirante à bien des égards. Il a su rassembler des détenus, ex-détenus, familles de détenus, aumôniers, travailleurs sociaux et psychiatres autour d’une volonté commune de pratiquer une "intolérance active" contre l’intolérable : la prison. Il s’est instigué comme instrument de relais et non comme porte-parole des prisonniers. Il a organisé des manifestations, publié des témoignages, rédigé des tribunes et des tracts, produit un film, etc. Il a soutenu les prisonniers et leurs révoltes, il a transporté leur savoir et leurs revendications en dehors des murs de la détention, sans poser de conditions à ce soutien. Il s’est adressé aux magistrats et avocats afin d’étayer davantage encore les informations reprises sur les conditions de vie et de défense des prisonniers. En un mot, le GIP a cultivé une pluralité polymorphe et hétéroclite, il a brisé les silences et les hiérarchies de pouvoir, afin de mener une entreprise de questionnement et de problématisation qui venait renforcer les révoltes menées par les prisonniers.

C’est à partir de l’analyse des archives du GIP que parleront nos invités : Philippe Artières (historien et président du centre Michel Foucault) et Benedikte Zitouni (sociologue urbaine à la VUB et membre du Groupe d’études Constructivistes de l’ULB).

Deux textes sur le GIP sont consultables en ligne sur :
http://blog.nova-cinema.org/gip

13.12 > 18:00


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